Il est un peu plus de 2 heures du matin, dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 août, quand un véhicule arrive discrètement et stationne, moteur tournant, au pied d’un immeuble, cours des Aubiers à Bordeaux. Un homme, le visage dissimulé par une cagoule, ouvre la portière, met pied à terre et ouvre le feu à plusieurs reprises avec une arme de type kalachnikov en direction d’un appartement situé au 7e étage. Une balle de calibre 7,62 mm transperce une fenêtre et va se loger dans un mur.

Le véhicule utilisé par le tireur et ses complices a été découvert incendié sur un parking à Floirac.

Le véhicule utilisé par le tireur et ses complices a été découvert incendié sur un parking à Floirac.

J.-M. D.

Par chance, les occupants se trouvaient dans une autre pièce. Le tireur, après avoir vidé son chargeur d’une vingtaine de munitions, remonte à bord du véhicule qui prend la fuite, en trombe, sous le regard de riverains à la recherche d’un peu de fraîcheur nocturne. Le puissant SUV est retrouvé un peu plus tard, incendié sur un parking, dans un quartier résidentiel, sur les hauteurs de Floirac. Quand les policiers d’un équipage de la brigade anticriminalité (BAC) arrivent, il ne reste plus qu’un amas de tôles calcinées et une plaque minéralogique qui permettra de savoir qu’il a été volé.

Le symbole de la puissance

Les investigations, confiées aux policiers de la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS), semblent s’orienter rapidement vers la piste du narcotrafic. La place Ginette-Neveu, située à quelques mètres du cours des Aubiers, est, en effet, identifiée comme un point de deal par les autorités. Le tireur et son (ou ses) complice (s) ont-ils agi dans une logique de protection de leur « commerce » et de conquête de nouvelles parts de marché sur un territoire adverse ? C’est une hypothèse.

« Aujourd’hui, il n’y a plus un seul dossier de trafic de stupéfiants d’une certaine envergure sans des saisies d’armes, y compris de guerre »

« Aujourd’hui, il n’y a plus un seul dossier de trafic de stupéfiants d’une certaine envergure sans des saisies d’armes, y compris de guerre », déclarait en juin dernier le procureur de la République, Renaud Gaudeul. « Lutter contre les trafics de stupéfiants, c’est aussi lutter contre la circulation des armes. »

Saisie d’armes de guerre

Fin février 2025, les policiers de l’antenne bordelaise de l’Office anti-stupéfiants (Ofast) avaient interpellé deux hommes soupçonnés d’être à la tête d’un important trafic de cocaïne dans la région. Ils avaient saisi 50 kilos de produit ainsi que trois fusils d’assaut AK-47 et M4, trois pistolets automatiques, un revolver, un fusil à pompe, une arme de poing automatique de calibre 9 mm, chargée et chambrée, ainsi qu’une centaine de munitions. « Il s’agit de la plus importante saisie d’armes de guerre réalisée dans le Sud-Ouest depuis au moins sept ans », avait indiqué le parquet.

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