Dire que les Lionnes du Stade Bordelais ont posé leur patte sur le XV de France est un euphémisme. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sur les 32 joueuses qui se sont envolées pour l’Angleterre et Exeter vendredi pour disputer la Coupe du monde (22 août-27 septembre), onze viennent du club girondin, soit un tiers de l’effectif (voir ci-contre). Ces proportions font écho à la domination toulousaine avec les Bleus : dix Rouge et Noir avaient pris part au Mondial 2023 sur les 33 sélectionnés.
Pour les Bordelaises, ce changement de dimension est relativement soudain. Lors de la dernière édition en Nouvelle-Zélande à l’automne 2022, elles n’étaient que trois : Assia Khalfaoui, Agathe Gérin (née Sochat) et Madoussou Fall-Raclot. L’explication paraît assez simple : entre ces deux éditions, les Girondines sont devenues, comme Toulouse, triple championnes de France. « On avait déjà une ossature ces dernières années, avec six ou sept filles sélectionnées, mais en avoir onze, c’est considérable. Il y a des surprises agréables comme Makarita Baleinogo et Khoudedia Cissokho », témoigne le manager du Stade Bordelais, François Ratier.
Quatre piliers sur cinq
« Mais dans les onze, toutes ne sont pas des titulaires en puissance », nuance l’ancien sélectionneur du Canada (2013-2017). Parmi l’équipe qui a débuté le seul match de préparation des Bleues face aux Anglaises à Mont-de-Marsan le 9 août (6-40), et qui devrait se rapprocher de celle qui lancera la compétition face à l’Italie ce samedi (21 h 10), cinq Bordelaises étaient titulaires : Annaëlle Deshaye, Madoussou Fall-Raclot, Carla Arbez, Joanna Grisez et Morgane Bourgeois. Trois autres Lionnes avaient pris place sur le banc, avec Assia Khalfaoui, Yllana Brosseau (voir ci-contre) et Khoudedia Cissokho.
« On n’est pas obligés d’être du même club, le plus important, c’est d’adhérer au projet »
Le club girondin est notamment surreprésenté en première ligne, avec quatre des cinq piliers tricolores : Annaëlle Deshaye, Assia Khalfaoui, Yllana Brosseau et Makarita Baleinogo. « On ne peut pas vraiment parler d’école de piliers, estime toutefois François Ratier, parce que ça prend toujours en compte la formation – il n’y a qu’Assia qui était là depuis sept ans –, mais on peut peut-être parler d’une culture de la performance et de la gagne. À Bordeaux, je sais ce que l’on essaie de mettre en place et ce que l’on exige de ces joueuses. » Au talon, si Agathe Gérin (née Sochat) n’était pas sur la feuille de match face au XV de la Rose, elle reste une taulière du groupe France et « une cliente sérieuse » pour une place dans les 23.
Derrière elles, en deuxième ligne, « Madoussou (Fall-Raclot) est assez inévitable par rapport à son rendement, à son éthique de travail et à sa dimension physique, juge le Charentais de naissance. On l’a vu dans leur contre-performance face aux Anglaises, c’est l’une des rares qui a avancé devant. » En troisième ligne, la concurrence est plus rude mais Khoudedia Cissokho pourrait gagner sa place sur le banc grâce à sa polyvalence.
Du beau monde derrière
Dans les lignes arrière, si aucune joueuse des Lionnes n’avait été sélectionnée en 2022, la donne a changé. Les jeunes Biarrotte Carla Arbez, à l’ouverture, et Parempuyrienne Morgane Bourgeois, à l’arrière, ont gagné leur place dans le XV de départ lors du Tournoi des Six-Nations. « Intrinsèquement, elles ont toutes les qualités techniques et tactiques pour jouer à ce niveau, elles cochent toutes les cases, selon François Ratier. En club, elles ont quasiment joué tous les matchs, sauf quand elles étaient absentes pour des raisons internationales. Et les deux défendent ensemble dans le champ profond comme avec le XV de France. »
Avec « l’incontournable » Joanna Grisez sur l’aile, et éventuellement Nassira Konde au centre, le Stade Bordelais pèse de plus en plus dans l’effectif tricolore. De là à parler d’automatismes, le manager des Lionnes pose son veto : « On n’a pas un axe 2-8-9-10-15 qui pourrait se profiler. Par contre, je pense que ça peut être sympa au niveau des entraînements, des affinités et de la dynamique de groupe. »
« Mais on n’est pas obligés d’être du même club, tempère-t-il. Le plus important, c’est d’adhérer au projet. » Décrocher le titre à Twickenham le 27 septembre semble être une bonne source de motivation pour y parvenir.
Repères
Les onze Bordelaises sélectionnées. Annaëlle Deshaye, Assia Khalfaoui*, Yllana Brosseau*, Makarita Baleinogo, Agathe Gérin (née Sochat), Madoussou Fall-Raclot, Khoudedia Cissokho, Carla Arbez, Joanna Grisez, Nassira Konde, Morgane Bourgeois.
(*) Khalfaoui et Brosseau évolueront à Romagnat la saison prochaine. Ikahehegi (Lille) et Berthoumieu (Blagnac) rejoindront les Lionnes.
Programme. Samedi 23 août : France – Italie à Exeter (21 h 10) ; dimanche 31 août : France – Brésil à Exeter (17 h 45) ; dimanche 7 septembre : France – Afrique du Sud à Northampton (17 h 45).