« L’excitation, c’est d’aller jusqu’au bout, quitte à tout détruire pour mieux retransformer et retravailler le petit détail qui fera la différence ! » Jusqu’au 13 septembre 2025, Philippe Cognée présente ses encaustiques (peintures préparées à base de cire) à la galerie Oniris à Rennes (Ille-et-Vilaine).

photo philippe cognée réalise des portraits à l’encaustique, c’est-à-dire avec des peintures préparées à base de cire.  ©  ouest-france

Philippe Cognée réalise des portraits à l’encaustique, c’est-à-dire avec des peintures préparées à base de cire. Ouest-France

« Susciter la fascination »

« Je pars d’autoportraits sur lesquels je repasse un bon nombre de fois. Je peins en chauffant mes pigments de couleur mélangés à de la cire d’abeille. Je joue avec le feu en repassant jusqu’à ce que l’image première disparaisse », décrit l’artiste nantais. En choisissant l’encaustique, il parvient à obtenir le mystère qu’il recherche dans ses œuvres. « Elles doivent susciter la fascination. On ne doit pas complètement découvrir l’image qui s’y cache », estime le peintre. Un objectif pas toujours facile à atteindre. « Parfois, je travaille pendant deux mois et je rate », sourit Philippe Cognée, en se rappelant « le nombre de toiles jetées ».

« Attraper le regard »

Avec un tel processus de travail, comment savoir à quel moment s’arrêter ? « Je ne sais pas, glisse honnêtement l’artiste. C’est comme marcher sur une falaise : il faut aller au bord de la limite sans tomber… »

Sur l’autoportrait choisi, il attire l’attention sur l’œil : « Je l’ai laissé tel quel car il attrape le regard. Il est très précis alors qu’autour de l’oreille, on trouve une flaque de matière. Ce qui m’intéresse, c’est d’échapper à la représentation et d’être dans l’incarnation. »

Car, comme au Couvent des Jacobins avec l’exposition Les Yeux dans les yeux, la galerie Oniris a repris la thématique du portrait. « Cela fait plus de huit ans que nous travaillons avec Philippe, raconte Florent Paumelle, directeur du lieu. Dès que je lui en ai parlé, il m’a directement dit qu’il était aussi capable de se concentrer sur du portrait ! »

« L’encaustique au Bénin »

Une mission remplie par l’artiste de 68 ans, qui maîtrise l’encaustique depuis son plus jeune âge. « De mes 5 à 17 ans, j’ai vécu au Bénin. J’y ai appris l’encaustique. Je voyais ces tissus sur lesquels la cire empêchait les couleurs d’attaquer. J’ai donc appris le batik (teinture résistante à la cire appliquée sur l’ensemble du tissu) puis, à mon arrivée aux Beaux-Arts, j’ai retravaillé ça », retrace Philippe Cognée.

Sur toile, le résultat fonctionne parfaitement : les premiers spectateurs sont fascinés. Les surcouches viennent appuyer les émotions et les regards des peintures de l’artiste. Pari gagné !