Pour l’Ukraine, la capacité à intercepter les frappes de missiles russes est devenue une question de vie ou de mort. Les forces de Moscou lancent désormais des vagues de plusieurs centaines de missiles et de drones, visant à saturer les défenses antiaériennes ukrainiennes, incapables d’intercepter chacun des tirs ennemis.

Les systèmes de missiles sol-air Patriot américains, livrés à Kiev par les États-Unis, l’Allemagne et la Roumanie, ont joué un rôle essentiel pour l’Ukraine face à cette accélération des frappes russes dans les derniers mois. Mais ces piliers de la défense ukrainienne perdent en efficacité, selon l’agence du renseignement de la Défense américaine (DIA) citée par The War Zone.

Difficultés d’interception

« Les [forces aériennes ukrainiennes] ont connu des difficultés pour utiliser de manière constante les systèmes de défense antiaérienne Patriot face aux missiles balistiques en raison d’améliorations tactiques russes, incluant des perfectionnements permettant à leurs missiles de changer de trajectoire et d’effectuer des manœuvres plutôt que de voler selon des trajectoires balistiques traditionnelles », selon un passage rédigé par la DIA au sein d’un rapport de plusieurs agences gouvernementales américaines.

Le rapport cite par exemple une attaque survenue le 28 juin, durant laquelle l’Ukraine n’a pu abattre qu’un missile sur les sept lancés par Moscou, et un autre assaut le 28 juin, où sept des treize missiles russes ont été abattus ou mis hors d’état de nuire.

Après avoir employé au début du conflit une part importante de ses stocks de missiles, la Russie est parvenue à multiplier sa production pour remplacer ses pertes, important notamment des composants étrangers malgré les sanctions à l’aide d’intermédiaires.

Yurii Ihnat, porte-parole des forces aériennes ukrainiennes, a déjà affirmé fin mai 2025 auprès du Kyiv Independent que Moscou « améliore ses armes balistiques », évoquant durant la même interview les Iskander russes et les KN-23 nord-coréens, fournis par Pyongyang à son allié. Le porte-parole a notamment indiqué à l’époque que des leurres et des trajectoires différentes permettent aux missiles d’échapper plus facilement à une interception à l’aide de Patriot.

Crise des Patriot ?

L’Ukraine est cependant forcée de se reposer sur les Patriot pour se défendre face aux missiles balistiques russes, ne disposant pas d’une industrie capable de concevoir des intercepteurs similaires au système américain. Comme le souligne The War Zone, Donald Trump a par ailleurs annoncé en juillet que les États-Unis et l’Europe travaillent ensemble pour livrer de nouveaux systèmes Patriot, permettant de galvaniser les défenses ukrainiennes malgré les améliorations techniques des missiles russes.

Mais un autre problème se pose à moyen terme : la quantité d’intercepteurs que les États-Unis peuvent fournir à leurs alliés est en diminution. En juillet, une investigation du Guardian – contestée par le Pentagone – indiquait que les stocks de missiles Patriot étaient insuffisants, en raison de leur utilisation en Ukraine et au Proche-Orient. Les déboires signalés en Ukraine s’inscrivent donc au sein d’un problème plus global, que les États-Unis doivent résoudre s’ils veulent pouvoir assurer leur défense, ainsi que celle de partenaires comme l’Ukraine.