Selon la Haute Autorité de Santé, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) touche environ 2 millions de personnes en France. Ce trouble du neurodéveloppement, dont les premiers signes surviennent généralement avant l’âge de 12 ans, peut avoir un impact sur de nombreux aspects du quotidien comme l’apprentissage et la vie sociale. Pour lutter contre cette affection, des médicaments (et plus précisément, des psychostimulants) peuvent être prescrits, explique New Scientist.

Bien que ces médicaments soient efficaces pour atténuer les symptômes immédiats, tels que les difficultés de concentration en classe, peu d’études sont focalisées sur leurs effets à long terme. C’est dans ce cadre qu’une équipe de scientifiques a mené une vaste recherche auprès de 150.000 personnes atteintes de TDAH en Suède.

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Les résultats, publiés dans la revue scientifique The BMJ, montrent que la prise de médicaments pour gérer la maladie a des effets bénéfiques plus larges et divers: les personnes qui en prennent présenteraient un risque moindre de comportements suicidaires, de condamnations pénales, de toxicomanie, de blessures accidentelles et d’accidents de la route.

Un traitement aux effets insoupçonnés

Pour mener cette étude, Samuele Cortese, de l’université de Southampton (Royaume-Uni), Zheng Chang, de l’Institut Karolinska (Suède) et leurs collègues ont utilisé une méthode appelée «émulation d’essais ciblés». Celle-ci consiste à analyser de larges ensembles de données d’observation comme s’ils provenaient d’un essai clinique randomisé. Pour cela, l’équipe a analysé des documents issus des dossiers médicaux et juridiques suédois pour comparer les personnes placées sous traitement et celles qui ne le sont pas.

Les chercheurs ont constaté que les personnes sous traitement pour le TDAH présentaient 25% de risques en moins d’être condamnées au pénal ou d’avoir un problème de drogue ou d’alcool. «Elles étaient également moins susceptibles de 16% d’être impliquées dans un accident de la route, de 15% de tenter de se suicider et de 4% de subir des blessures accidentelles», détaille le média.

«Ces informations sont importantes pour les gouvernements afin d’aider les décideurs politiques à comprendre les avantages potentiels du traitement pour la société dans son ensemble, notamment en matière de santé mentale ou de criminalité», conclut Adam Guastella, de l’université de Sydney, en Australie.

Récemment, une autre étude a démontré un lien entre le TDAH et l’hypersexualité. Une autre avait suggéré que la consommation d’Adderall (le médicament prescrit pour atténuer les symptômes de ce trouble) en trop grande quantité augmentait les risques de vivre un épisode psychotique. Encore aujourd’hui, les connaissances sur ce trouble restent partielles, et de nombreuses zones d’ombre subsistent quant à ses mécanismes.