Un peu plus d’un mois après les flammes qui ont ravagé près de 750 hectares au nord de Marseille, les habitants sinistrés de l’Estaque commencent à s’installer dans des mobil-homes. Plusieurs familles, qui ont tout perdu le 8 juillet, témoignent d’un nouveau quotidien.

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Dans les hauteurs de l’Estaque, à quelques mètres de leurs maisons ravagées par l’incendie, c’est tout un quartier qui tente de se reconstruire. Déjà cinq mobile homes sont en place. Une dizaine en tout devraient bientôt être installés pour accueillir les familles sinistrées, après l’incendie qui a détruit plusieurs habitations le 8 juillet dernier.

Les stigmates de l’incendie sont encore visibles. Ici, les habitations ravagées par les flammes.

Les stigmates de l’incendie sont encore visibles. Ici, les habitations ravagées par les flammes.

© Valérie Bour – France Télévisions

Pour certains, l’arrivée de ces habitations précaires est vécue comme un premier pas vers un semblant de normalité. « On attend un nouveau mobile home, celui de ma nièce. Elle était impatiente. Je suis soulagée qu’elle ait un toit aussi, parce que c’est dur pour tout le monde, pas que pour nous », confie une habitante.

Elle poursuit : « l’arrivée des mobile homes, c’est l’espoir de pouvoir continuer à vivre à peu près une vie normale. Depuis l’incendie, on ne peut plus cuisiner, on est obligés de se laver à l’eau froide… C’est une vie dure qu’on n’a pas l’habitude de vivre. »

Des familles réunies, non loin du terrain calciné. Entre solidarité et débrouille, ils prennent en main l’installation de leurs nouveaux logements.

Des familles réunies, non loin du terrain calciné. Entre solidarité et débrouille, ils prennent en main l’installation de leurs nouveaux logements.

© Valérie Bour – France Télévisions

Anne-Marie, sexagénaire, observe avec amertume ce qui reste de son ancienne maison : « j’habitais en haut de la grande bâtisse là-haut. Aujourd’hui, c’est inondé et brûlé, je ne peux plus rentrer chez moi ».

Anne-Marie, propriétaire d'un mobilhome, montre son ancienne habitation détruite par l'incendie.

Anne-Marie, propriétaire d’un mobilhome, montre son ancienne habitation détruite par l’incendie.

© Valérie Bour – France Télévisions

Devant son mobile home en construction, elle se résigne : « J’espère pouvoir m’y habituer parce que ce n’est pas ma vie d’être dans un mobile home. Il y a un salon, une salle à manger et une petite chambre. Ça me provoque du soulagement, le sourire peut-être plus tard. »

D’autres, comme Alexandra, n’ont pas eu d’autre choix que de tout reconstruire eux-mêmes : « J’ai tout perdu, je n’ai plus rien du tout. Pour l’instant, on vit dans les mobile homes, le mien est arrivé, on est en train de le refaire. Et il y en a un autre qui va être amené de Plan-de-Campagne. On est en train de tout retaper, c’est beaucoup de travail, on n’en peut plus toute la journée ».

Certaines associations comme les Joutes de l’Estaque les ont aidés financièrement. 

Les sinistrés se chargent des travaux à leurs frais.

Les sinistrés se chargent des travaux à leurs frais.

© Valérie Bour – France Télévisions

Michel, propriétaire d’un mobile home, raconte la débrouille : « On a fait tout le terrain, les évacuations, l’électricité, l’eau, les sanitaires aussi… En un mois, à nos frais, entre famille et amis. Si on n’avait pas tout pris en main, on dormirait encore dans la voiture. Personne n’est venu nous voir de la part de la mairie, on se sent un peu à l’abandon. Heureusement que les anciens sont là ».

Un mobilhome fraîchement installé. Cinq sont déjà en place, d’autres doivent arriver.

Un mobilhome fraîchement installé. Cinq sont déjà en place, d’autres doivent arriver.

© Valérie Bour – France Télévisions

Pour Cathy, le moral est au plus bas. Elle vit toujours dans l’attente d’un mobile home : « Je suis énervée et fatiguée de voir mes petits-enfants et mes enfants comme ça. Je n’aurais jamais imaginé me retrouver dans cette situation. À la télévision, je voyais que ça arrivait aux autres, mais on ne s’imagine pas… On n’a pas d’aide, c’est la vérité ».

Après quatre semaines d’hébergement en hôtel, beaucoup ont dû se débrouiller : « Certains ont dormi dans les camions, d’autres dans les voitures ou chez de la famille. Moi, je dors chez mon fils. Ma fille est chez sa belle-mère avec ses enfants, mais elle ne va pas tarder à être placée aussi dans un mobile home. On se sent délaissés. On ne dort plus la nuit, on est toute la journée en plein soleil… On nous avait promis des choses, on les attend encore. On est épuisés ». 

Joachim, lui, tente de garder la tête haute. Avec sa famille, il a tout perdu dans l’incendie. « On a acheté ce mobile home chez un particulier, 5 800 euros. C’est ma nouvelle maison. On va mettre un fauteuil, une télé, un placard. On fait tout nous-mêmes : peinture, isolation… Parce qu’apparemment dans les mobile homes, il fait froid l’hiver ». 

S’il essaie de rester positif, il voit la souffrance de son épouse : « Moi, ça va, mais ma femme, non. Elle s’étouffe. Elle ouvre tout, fenêtres et portes, pour respirer. Avant, on avait une grande terrasse, un balcon… On pouvait sortir comme on voulait. Là, on doit s’habituer ».

Au milieu des ruines, les mobilhomes symbolisent un nouvel espoir de reconstruction.

Au milieu des ruines, les mobilhomes symbolisent un nouvel espoir de reconstruction.

© Valérie Bour – France Télévisions

Pour les sinistrés, l’arrivée des mobile homes est une étape nécessaire mais insuffisante. Tous espèrent pouvoir retrouver un vrai logement, reconstruire ou réhabiliter ce qui peut l’être. En attendant, ils s’organisent, bricolent, se serrent les coudes.