Par
Emilie Salabelle
Publié le
19 août 2025 à 8h04
Cela faisait des années que le projet faisait grincer des dents étudiants, anciens diplômés, riverains, associations et élus de différents bords politiques. Depuis 2018, le site historique de l’École polytechnique situé au 5 rue Descartes sur la montagne Sainte-Geneviève (5e) est l’objet d’un projet de modernisation financé par le groupe de luxe LVMH qui est loin de faire l’unanimité. La « Boîte à claque » – nom donné au bâtiment du fait de sa forme ressemblant à un chapeau claque – devait en effet, à l’issue d’un chantier chiffré à 30 millions d’euros, s’agrandir d’un amphithéâtre souterrain de 300 places ainsi que d’une immense verrière recouvrant sa cour intérieure, sacrifiant au passage un tilleul centenaire. Mais le projet a finalement pris « une autre orientation », a indiqué la direction à actu Paris, conformément aux déclarations faites par la directrice générale de l’X, Laura Chaubard, le 6 juin 2025 dans les colonnes d’Aef info. Un revirement salué par les opposants au chantier.
D’un centre de conférence international à une simple rénovation
Le rétropédalage met un terme à des années d’incertitude. Le projet de rénovation simple de la « Boîte à claque » – dernier bâtiment de l’École polytechnique sur une parcelle appartenant au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche –, s’était transformé au fil des années, à l’issue d’un permis de construire modificatif, en projet d’agrandissement et de modernisation pharaonique. Il était alors question de faire de ce site classé un « centre de conférence international » destiné à accueillir « colloques, conférences et symposiums internationaux », exposait à actu Paris la direction de l’école en novembre 2023.
Mais c’est un projet beaucoup plus modeste, passé de 30 à 10 millions d’euros qui est désormais prévu, confirme l’École à actu Paris. Il va se recentrer sur « la rénovation du bâti historique pour en faire des salles de cours, des salles de réunion et quelques bureaux. Le jardin du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sera également rénové, et l’œuvre d’Oppenheim qui s’y trouve sera restaurée », dessine la direction.
Amphithéâtre et verrière abandonnés
Très décriée pour son impact écologique, l’idée d’un amphithéâtre souterrain sous le bâtiment actuel est abandonnée. À la place, polytechnique pourra ponctuellement utiliser l’amphithéâtre Poincaré voisin, grâce à « un accord de principe » noué avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Ce droit d’usage permettra d’« organiser une vingtaine d’évènements par an au maximum. En contrepartie, l’École contribuera financièrement à la rénovation de cet amphithéâtre », précise l’institution. Cette solution était celle défendue par les opposants du projet LVMH, a rappelé dans un communiqué l’association La Sphinx, qui regroupe des étudiants, et anciens étudiants de l’X mobilisés pour « une vision progressiste et une sensibilité aux enjeux sociaux et environnementaux » de la prestigieuse école d’ingénieurs.
Ce point du projet n’était pas le seul à être contesté. La construction d’une verrière au-dessus de la cour intérieure de la « Boîte à claque » n’est plus non plus à l’ordre du jour, ce qui permettra de préserver le vieux tilleul, confirme l’École polytechnique à actu Paris.
Reste une incertitude sur le jardin carré, dont les espaces verts ont été détruits par le chantier en cours. Avant de confirmer une réhabilitation, l’institution indique qu’« il est nécessaire de redemander un nouveau permis de construire, ou a minima un permis modificatif ». Quant à savoir si ce lieu, jadis ouvert au public, pourrait rouvrir ses portes aux Parisiens dans le futur, l’institution ne se prononce pas.
Le groupe de Bernard Arnaud reste à la manœuvre de cette feuille de route allégée. « Le financement est rendu possible grâce au soutien exceptionnel de LVMH, qui assume la maîtrise d’ouvrage et le coût des travaux, sans aucune contrepartie », indique l’X.
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Le site de Palaiseau au cœur des investissements
Pour expliquer l’abandon d’une grande partie du projet, l’École polytechnique met en avant une réorientation liée aux aménagements déjà réalisés sur le campus de Palaiseau, évoquant un « environnement qui a beaucoup changé depuis 2014 » : « Ces dernières années, de nouveaux équipements de recherche et d’enseignement, comme le bâtiment d’enseignement mutualisé et le pôle mécanique ont été construits. En 2024, l’École polytechnique a engagé la rénovation de son ensemble central, au cœur du campus. Les besoins à Paris concernent donc dorénavant surtout l’activité de formation continue, pour laquelle nous louons actuellement des bureaux à l’année et des salles de formation ».
L’association La Sphinx, elle, savoure sa victoire : « Nous félicitons la direction de l’École polytechnique d’avoir pris ses responsabilités en optant pour cette nouvelle mouture du projet, beaucoup plus raisonnable et en accord avec ses engagements environnementaux. »
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