Ça se corse toujours plus sur l’échiquier géopolitique. Fin juillet, le groupe de hackeurs Blackmoon a publié une série de fichiers contenant un rapport d’avancement sur Mech, projet de recherche et développement développé par la Russie. Objectif de cette initiative: créer un système de commandement automatisé pour les troupes aéroportées de l’Armée populaire de libération (APL) chinoise.
Or ces systèmes sont conçus pour gérer et coordonner les opérations aéroportées, notamment en assurant la transmission sécurisée des données, l’échange d’informations aux niveaux opérationnel et tactique, la planification des missions et la désignation des cibles, précise le média russe The Insider, pour qui la finalité du projet est simple: permettre à la Chine d’envahir Taïwan. De quoi confirmer les craintes d’une alliance sino-russe formulées par l’OTAN.
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Selon les analystes militaires, une attaque aérienne de l’armée chinoise contre Taïwan est peu probable, car elle entraînerait inévitablement de lourdes pertes. Cependant, elle ne peut être totalement exclue.
Cargaisons et formations
Les documents des douanes russes sur lesquels The Insider a pu travailler prouvent qu’une cargaison d’une valeur supérieure à 4,2 millions d’euros, et contenant notamment des «produits à usage militaire», a été expédiée par la Russie vers la Chine en 2024 –et que des envois similaires, mais plus modestes ont été effectuées dès 2020.
Le site d’investigation russe a également mis la main sur des plans de formation à destination des spécialistes chinois, et notamment un programme visant à dispenser à une soixantaine de militaires de l’APL plus de 430 heures de cours (théoriques ou pratiques) sur l’étude de stations radio et de systèmes de télécommunication haut débit pour véhicules militaires.
Dans les deux pays, des représentants de haut niveau ont été impliqués dans ce partenariat dès 2023, année au cours de laquelle une délégation de dix-sept cadres chinois a été accueillie à Moscou pour travailler sur le projet. Parmi eux, on trouvait par exemple le chef adjoint du département de l’armement et de l’équipement militaire de l’armée de l’air de chinoise et le chef adjoint de la direction principale pour le développement de l’armement et de l’équipement militaire de la Commission militaire centrale de Chine. En 2024, Pékin a accueilli à son tour une rencontre du même type.
Économiquement parlant, conclut The Insider, la logique de ces accords entre la Russie et la Chine est tout à fait limpide: si Moscou est incapable de produire du matériel militaire rentable en raison de la perturbation de ses chaînes d’approvisionnement et de l’absence d’un vaste marché pour les composants, ses programmeurs et experts en optimisation sont en revanche toujours très demandés. Du côté de Taïwan, les autorités et la population peuvent nourrir d’immenses inquiétudes au sujet des mois à venir.