Le site de bioproduction Evotec de Toulouse n’aura battu pavillon allemand que quelques mois. Cette usine, inaugurée en septembre 2024, va être cédée au laboratoire suisse Sandoz, un spécialiste des médicaments génériques et biosimilaires. Une demi-surprise puisque le laboratoire était le client privilégié du site qui « a été personnalisé et dédié entièrement à Sandoz depuis juillet 2024 », précise Evotec dans un communiqué. Le montant de l’opération a été fixé à environ 300 millions de dollars.
Fruit d’un investissement de 250 à 280 M€, le site de Toulouse s’étend sur 15 000 m² et emploie 150 personnes. Son installation a largement été soutenu par des financements publics avec 43 M€ de l’État français et 6 M€ de la Région Occitanie. Evotec avait également bénéficié d’un prêt de la BEI (Banque européenne d’investissement), à hauteur de 150 M€.
Le site, sorti de terre en seulement 18 mois, témoignait alors des ambitions industrielles d’Evotec, via sa filiale bioproduction Just-Evotec Biologics. L’usine a été conçue selon un premier modèle, bâti outre-Atlantique, à Redmond (Washington), en 2021. Une installation appelée J.POD, voulue à la fois flexible et dotée de procédés optimisés pour assurer une production dans des délais raccourcis.
Un changement de stratégie pour Evotec
La cession intervient alors qu’Evotec a largement revu sa stratégie, impulsée avec l’arrivée de son nouveau p-dg, Christian Wojczewski, en 2024. Lors de ses résultats annuels, au printemps dernier, le groupe allemand a dévoilé une feuille de route avec le choix de se focaliser sur son coeur de métier, à savoir le développement et les services pour l’industrie pharmaceutique. Une restructuration qui passe par un modèle allégé sur certaines activités, dont celles de Just-Evotec Biologics, avec un objectif de réaliser des économies.
En 2024, Evotec avait déjà lancé un vaste plan de suppression de postes, avec 400 postes concernés dans le monde. Le plan avait aussi touché son implantation française et les équipes de R&D installées à Lyon et à Toulouse, où 64 postes avaient été supprimés en Occitanie.
Un ancrage européen renforcé pour Sandoz
Pour Sandoz, l’acquisition à venir, est « totalement en phase avec notre stratégie de renforcer nos capacités de production en propre de biosimilaires, tout en ajoutant des capacités flexibles stratégiques », a commenté Richard Saynor, le p-dg de Sandoz. Le laboratoire, séparé de Novartis depuis 2023, a fait de ce segment des biosimilaires une cible stratégique, Sandoz estime ainsi que le marché pourrait atteindre 300 Mrds $ sur la prochaine décennie.
Le laboratoire suisse a multiplié les investissements en Europe ces dernières années. Début juillet, Sandoz a ainsi débuté les travaux d’une future installation en Slovénie, qui produira des biosimilaires et qui a nécessité un investissement de 420 M€.
La finalisation de la transaction du site de Toulouse est espérée avant la fin de l’année. Les employés du J.Pod d’Evotec rejoindront alors Sandoz.
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