6h42 de sommeil : la chute libre des heures de sommeil ne fait que commencer. © Adobe Stock
En 2024, selon les dernières données de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), la durée moyenne de sommeil des Français est tombée à 6 h 42 par nuit. Ce chiffre est alarmant puisqu’il est très inférieur aux 7 à 8 heures recommandées par l’OMS pour un adulte en bonne santé.
Pire, plus d’un tiers des Français déclarent dormir moins de 6 heures par nuit, un profil dit de « petit dormeur chronique ». Cette situation n’est pas anodine. Des études épidémiologiques solides, comme celles rapportées par la Haute Autorité de Santé (HAS), montrent qu’un sommeil insuffisant augmente fortement le risque de maladies cardiovasculaires, d’obésité, de diabète de type 2, mais aussi de troubles psychiatriques comme la dépression.
Sur la route, la somnolence est la première cause d’accidents mortels. En France, chaque année, environ 25 % des accidents mortels sont liés à un endormissement au volant, rappelle la Sécurité Routière. Bref, notre sommeil est une affaire sérieuse qui dépasse le simple fait d’être fatigué.
Mais pourquoi sommes-nous tous fatigués tout le temps ? Nos nuits hachées made in modernité !
Ce n’est pas qu’une affaire de quantité. La qualité du sommeil se dégrade aussi sévèrement. 85 % des Français se réveillent au moins une fois par nuit, et près de la moitié considèrent leur sommeil non réparateur, selon une enquête de l’Observatoire National du Sommeil.
Pourquoi ? Nos modes de vie modernes sont loin d’être tendres avec nos nuits. D’abord, le stress chronique, qui touche 20 à 30 % de la population française, d’après Santé Publique France, dérègle notre horloge biologique. Ensuite, les écrans omniprésents (smartphones, tablettes, télévisions) émettent une lumière bleue qui inhibe la production de mélatonine, l’hormone du sommeil.
Sans oublier les horaires décalés, notamment pour les travailleurs en horaires postés ou les étudiants, ainsi que la pollution sonore et lumineuse dans les zones urbaines. Résultat, nos rythmes de coucher se décalent, nos soirées s’allongent, et le sommeil devient la variable d’ajustement, sacrifié sur l’autel des exigences professionnelles et sociales.
Le week-end ne sauve pas la semaine : stop au mythe de la « grasse matinée compensatoire »
Vous pensez que faire la grasse matinée le week-end rattrape votre dette de sommeil accumulée ? Mauvaise idée ! Plusieurs études, dont une publiée en 2023 dans la revue Sleep Medicine Reviews, ont démontré que cette compensation n’est pas efficace. Au contraire, elle perturbe davantage l’horloge interne et aggrave la qualité globale du sommeil.
Autrement dit, si vous dormez mal en semaine, dormir trop longtemps le week-end ne réglera pas le problème. La régularité est la clé..
Comment retrouver un sommeil réparateur ? Les bonnes pratiques pour dormir mieux
Pour s’endormir plus facilement et mieux dormir, la première règle est simple : adopter une bonne hygiène de sommeil. Cela passe par :
- Se coucher et se lever à heures fixes, même le week-end
- Éteindre les écrans au moins une heure avant le coucher
- Favoriser un environnement calme, sombre et frais dans la chambre
- Éviter la consommation excessive de caféine et d’alcool le soir
- Pratiquer une activité physique régulière, mais jamais juste avant de dormir
Et surtout, éviter l’automédication. Les somnifères ne sont pas la panacée, ils peuvent entraîner dépendance et altérer la qualité du sommeil sur le long terme. La HAS recommande de privilégier les thérapies cognitivo-comportementales, efficaces sur les troubles du sommeil et sans effet secondaire.
Quant à la mélatonine, prise sous forme de complément alimentaire, elle peut être utile ponctuellement pour certains décalages horaires, mais ce n’est pas un remède miracle. Son usage doit être encadré par un professionnel de santé.
Des avancées politiques encourageantes
Côté politiques publiques, la prise de conscience est là. En février 2025, le ministre de la Santé Yannick Neuder a présenté une feuille de route ambitieuse pour promouvoir un sommeil de qualité en France. Parmi les mesures phares :
- Sensibilisation dès l’école primaire à l’importance du sommeil
- Encouragement à la déconnexion numérique au travail
- Promotion de la micro-sieste en entreprise avec espaces dédiés
- Révision des rythmes scolaires pour mieux coller aux besoins des adolescents
Ces initiatives sont encourageantes, car elles placent enfin le sommeil au cœur des préoccupations de santé publique.
À SAVOIR
Selon une étude publiée en 2023 par Santé Publique France, près de 40 % des Français déclarent souffrir de troubles du sommeil au moins trois fois par semaine, un chiffre en forte hausse ces dix dernières années. Cette augmentation est particulièrement marquée chez les femmes et les jeunes adultes (18-34 ans).
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