Peu de phénomènes religieux n’ont été autant fantasmés, essentialisés et spectacularisés que le vaudou. Passé à la moulinette hollywoodienne depuis des lustres (White Zombie, considéré comme le premier film du genre, est sorti en 1932, Ndlr), c’est surtout la figure du mort-vivant qui fascine encore un public occidental en quête de frissons et d’exotisme.

Si le cinéma et les industries culturelles se sont surtout emparés du vaudou haïtien, proximité oblige, rares sont ceux qui s’intéressent à ses racines africaines (Nigeria, Bénin, Togo). Dans la lignée de l’excellent Atlantique de Mati Diop, où des spectres ouvriers hantent un promoteur sénégalais, Sensibilités Vaudou aborde cette religion à travers ses hybridations contemporaines.

Refusant tout sensationnalisme, l’exposition suit ses traces magiques, en déplie les dimensions spirituelles, politiques, et montre comment elles nourrissent l’imaginaire des artistes africains.

Les fantômes de notre modernité

Le parcours ne se limite pas à une plongée dans la culture vaudou : il navigue entre traditions séculaires et résurgences artistiques, sur le fil ténu entre profane et sacré. L’illustration la plus frappante, et la plus monumentale, oppose des Egunguns authentiques – puissantes tuniques flamboyantes utilisées dans le culte des ancêtres – à la version en canettes découpées de Prince Toffa (Egungun).