Par

Olivia Kouassi

Publié le

19 août 2025 à 17h18

Dans les rues de la cité-jardin Ungemach, le calme règne. Engoncée entre les institutions européennes et l’immense projet immobilier Archipel dans le quartier du Wacken, la cité est un modèle unique à Strasbourg. 140 maisons individuelles, qui se ressemblent toutes, hébergent depuis les années 1950 des habitants qui bénéficient d’un loyer modéré.

Mais à quoi peut bien ressembler la vie au sein de ce quartier si particulier ? Actu Strasbourg s’est rendu auprès des habitants.

Un quartier calme et familial

« Ici tout le monde se connaît, c’est très calme », jugent Hamza 17 ans et Samuel 16 ans. Une quiétude confirmée par Inès et Lina qui se sentent tout de même « encerclées » par les tours adjacentes. « Je trouve que c’est oppressant », confie Lina qui réside dans un pavillon depuis six ans.

Au détour des rues plus similaires les unes que les autres, on tombe sur le point névralgique du quartier : le square du Bocage situé en face de l’école maternelle. « À la sortie de classe, le parc est rempli, c’est très vivant », décrit Véronique, habitante du quartier depuis 1995. C’est ici que cette assistante maternelle donne rendez-vous aux parents pour venir chercher leurs enfants.

La cité-jardin Ungemach est engoncé entre le projet immobilier Archipel et les institutions européennes dans le quartier du Wacken.
La cité-jardin Ungemach est engoncée entre le projet immobilier Archipel et les institutions européennes dans le quartier du Wacken. (©OK / actu Strasbourg)Comme un air de nostalgie

Mais de l’avis de cette « petite fille du pays », les choses « ont changé » au sein de la cité-jardin ces dernières années. Le départ de nombreux résidents historiques après 2015, en raison de la hausse drastique des loyers*, a engendré la fin des activités proposées par l’association de quartier.

« Il y avait beaucoup d’animations, des processions à la Saint-Nicolas, des marchés de Noël dans les jardins ou le carnaval où tout le monde se retrouvait déguisé dans le square ».

Véronique
Habitante du quartier depuis 1995

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« Avant, il y avait de l’entraide, c’était familial, comme un petit village. Maintenant c’est très chacun pour soi », témoigne Caroline qui est née et a grandi dans la cité aujourd’hui gérée par le bailleur social Habitation moderne.

L’histoire unique de cette cité-jardin

Créée au début des années 1920 par Charles-Léon Ungemach, industriel alsacien et élu au conseil municipal de Strasbourg depuis 1911, cette cité-jardin se construit dans le cadre d’une expérimentation sociale. Pour pouvoir prétendre au logement, les couples devaient offrir des garanties en termes de santé, de fécondité (trois enfants obligatoires pour y demeurer), de travail, d’éducation ou encore de moralité. Une expérimentation présentée, selon l’historien Paul-André Rosental, comme une « expérience eugénésique » favorisant « des éléments précieux de la société ».

La Ville devient propriétaire des pavillons dans les années 1950 et perpétue ces critères d’attribution jusqu’à ce que le bailleur social Habitation moderne prenne le relais de la gestion des habitations dans les années 80.

L’association de quartier relancée

Si l’association de quartier a été relancée par une habitante cet été et devrait redonner du dynamisme au quartier, la problématique grandissante du stationnement et du coût toujours plus important pour chauffer ces grandes habitations des années 1920 font de l’ombre à la qualité de vie de la cité.

*L’instauration du supplément de loyer de solidarité (SLS), disposition issue de la loi Boutin sur le logement, qui vise à appliquer un loyer majoré aux personnes dès lors que leurs ressources sont supérieures aux plafonds définis pour l’attribution des logements sociaux a entraîné, selon Rue89 Strasbourg, le triplement du loyer pour une trentaine de familles.

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