« On arrive à un stade d’épuisement… » souffle Angélique. Seule garante pour ses deux fils, elle n’a décroché aucune visite depuis juillet. « Les agences et les propriétaires s’arrêtent à mon salaire, alors que je n’ai plus de crédit à payer. Je suis propriétaire de ma maison, je propose même d’avancer un an de loyer ! » À quinze jours de la rentrée, nombre d’étudiants, souvent parmi les plus défavorisés, ne savent pas encore où ils dormiront pour l’année.

Une partie d’entre eux, comme c’est le cas pour l’un des fils d’Angélique, sont boursiers mais n’ont pas obtenu de logement Crous. La Bergeracoise s’est également tournée vers Domofrance pour trouver un logement social. Mais là aussi, les places sont chères. L’an dernier, les deux frères ont vécu à deux dans un appartement prévu pour une personne, faute de moyens. « Ce n’est pas logique, on les met où les jeunes ? » s’indigne Angélique.

Trop peu d’offres

Chez les agences, l’explication reste inévitablement la même : trop de demandes pour trop peu d’offres. Résultat : « Même quand on arrive les premiers, on n’est pas sûrs d’avoir le logement », soupire Marie-Laure, qui en cherche un pour son fils. « On reçoit encore cinq à six demandes par jour, affirme une conseillère de l’agence Immo 33 à Pessac. Mais le gros de nos locations est parti entre le 15 juillet et le 15 août. Même les logements qui vont être quittés fin août ont été loués avant que nos collègues partent en congés. » Dernière chance : les chambres en colocation qui sont généralement louées entre fin août et début septembre.

« On travaille tous les jours, c’est fou de ne pas pouvoir se porter garant ! »

Mais Sandrine ne s’y résigne pas. Sa fille vient justement d’en quitter une : « Elle n’était pas sûre d’obtenir un master à Bordeaux après sa licence et le logement était humide, quasi insalubre. » Contactée mi-juin, elle n’a depuis toujours pas trouvé d’appartement dont le loyer n’est pas exorbitant. À cours d’idée, elle vient de contacter sa banque pour envisager l’achat d’un bien. Autrement dit, elle et son mari sont prêts à s’endetter pour quinze ans « en espérant que [leur] fille commence à travailler d’ici un an ou deux ».

Obligés de faire la route

Pour d’autres, la réponse est de rester chez leurs parents et de faire la route jusqu’à la fac. « Tant pis, ça reviendra plus cher que d’avoir un logement sur place, mais on ne trouve rien même en poussant jusqu’à Bègles ou Mérignac », se résigne Gaëlle, dont la fille n’a pas non plus obtenu de place en résidence Crous. Pour éviter plus d’une heure et demie dans les transports à son fils, Soline, qui réside à Mussidan, envisage de son côté de lui prendre une location quelques nuits par semaine. « Je regrette d’avoir lâché l’appartement l’année dernière… » Son fils avait quitté la fac en cours d’année pour soucis familiaux. Avec deux parents salariés et une garantie Visale, Soline ne pensait pas avoir un dossier insuffisant : « On travaille tous les jours, c’est fou de ne pas pouvoir se porter garant ! »