Le gérant de cette boutique était derrière sa caisse, dimanche 17 août vers 18 h. « J’ai aperçu une personne qui prenait une horloge, puis une deuxième dans mes rayons. Sauf que je n’ai vu personne venir payer », raconte le sexagénaire qui tient la boutique Au Palais Rohan Souvenirs, place de la Cathédrale à Strasbourg, depuis une quinzaine d’années – il n’a pas souhaité donner son nom.
« Je suis sorti précipitamment et j’ai aperçu la personne avec un sac en tissu sur le dos. J’ai réussi à m’approcher discrètement. » Dans la pochette de cet individu « maigre » et « pâle », il a « repéré » les deux horloges à coucou à 19,80 euros pièce qui venaient de lui être dérobées.
Mordu jusqu’au sang
« Je l’ai chopé. Il a montré une résistance. Il a couru vers la rue du Maroquin, continue le patron. Mon voisin de la boutique Blanc du Nil est venu m’aider – il en garde d’ailleurs des éraflures. » Les deux hommes ont « réussi à mettre par terre » le voleur, entre les boules de neige et les torchons brodés, « en attendant la police ».
« Il a dit : “Si vous ne me lâchez pas, je vais vous mordre. J’ai une seringue, je vais vous piquer, j’ai le sida”. Moi, j’avais peur. J’ai tenté de me protéger. Il a quand même réussi à me mordre jusqu’au sang à l’avant-bras gauche et il m’a piqué avec la seringue sur le dos de la main droite », relate-t-il en montrant ses blessures.
« Je dois prendre un traitement préventif »
À l’arrivée des forces de l’ordre, le voleur « tenait encore sa seringue en main », poursuit la victime. « Un policier a posé la main sur son pistolet et il lui a demandé de vider ses poches. » Au cours de sa garde à vue, l’individu, âgé de 57 ans, a réaffirmé être infecté par le VIH. Il a néanmoins refusé de se soumettre à une prise de sang qui aurait permis de le vérifier.
Déjà connu pour des vols, des violences et des affaires en lien avec les stupéfiants, le quinquagénaire a été déféré devant la justice mardi 19 août. Le parquet de Strasbourg a ouvert à son encontre une information judiciaire pour administration de substances nuisibles. Son placement en détention provisoire a été requis.
Le commerçant, qui a passé son dimanche soir aux urgences, vit avec une certaine crainte : « Je dois prendre un traitement préventif », explique-t-il, en présentant son tube d’antirétroviraux. « Ensuite, j’aurai un rendez-vous au service des maladies infectieuses du Nouvel hôpital civil. » Il devra subir des examens médicaux sur plusieurs semaines afin d’établir s’il a été infecté par le virus du sida.
Habitué des vols à l’étalage
Dans le quartier le plus touristique de Strasbourg, le commerçant est habitué des vols à l’étalage. Mais c’est « la première fois » qu’il subit une telle violence. « Qu’est-ce qu’on doit faire face à une seringue ? s’interroge-t-il. Si on cède, le voleur recommence… » Son agresseur était déjà venu dérober deux horloges dans son magasin, dimanche 27 juillet. « Il semble être toxicomane. Peut-être qu’il les revend pour acheter de la drogue », suppose le responsable. La police l’avait interpellé à la sortie de la boutique. À l’issue de sa première garde à vue, le quinquagénaire avait été convoqué devant le tribunal en février 2026.