Les maires sur le trajet des futures LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax ont reçu au début de l’été un dossier de 25 000 pages de la DDTM (Direction des territoires et de la mer). Un dossier qui doit être traité en deux mois, et cela provoque la colère des élus.

Un dossier de 25 000 pages ! C’est ce qu’ont reçu début juillet les maires de communes girondines traversées par les futures LGV, vers Toulouse et Dax. Le document en question : le dossier d’autorisation environnementale, pour pouvoir lancer les recherches avant de débuter le chantier des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, dont la mise en service est prévue à partir de 2032.

Problème : il faut examiner cet énorme document et le faire délibérer par les conseils municipaux pour la rentrée de septembre. Un délai de deux mois donc à partir de la réception du dossier. Sauf que la plupart des élus sont partis en vacances, et traiter un document pareil relève du casse-tête. Les maires reprochent à la DDTM d’avoir profité des vacances d’été pour envoyer ce document sans qu’il soit traité.

« Je n’ai rien lu du tout ! Et je ne lirai rien. Il faudrait lire 300 ou 400 pages par jour mais je n’arrive même pas à en lire 50 d’affilée… » Jacqueline Lartigue-Renouil, la maire de Bernos-Beaulac (entre Bazas et Captieux, où aura lieu la séparation des LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax), est en colère. Elle reproche à la DDTM (Direction des Territoires et de la Mer) le calendrier pour ce dossier de précisément 25 668 pages : le texte doit donc être traité au beau milieu des vacances d’été. « Entre le 14 juillet et le 14 septembre c’est hors de question ! Les élus, le personnel administratif sont en vacances… il n’y a personne pour lire un tel dossier ! »

Nathalie Duluc, maire de Balizac (entre Langon et Saint-Symphorien, au kilomètre 40 de la LGV), ne peut qu’acquiescer. « Avec un délai de deux mois pour en parler… c’est une aberration puisque ça tombe au moment où tout le monde bouge un petit peu ; et même en tant qu’élus on doit se reposer » .

« Ça nous a pris la journée pour le télécharger »

Les mairies demandent également une version papier du dossier, aujourd’hui envoyé en numérique. Tant pis pour l’écologie, c’est une question de praticité, argumente-t-on.

« Consulter des dossiers sur un écran d’ordinateur ou de smartphone, ce n’est pas sérieux. Il faut disposer d’un dossier papier pour pouvoir consulter les pages, revenir en arrière, rechercher, pointer des choses, etc. », argue Philippe Barbedienne, conseiller municipal à Lerm-et-Musset (à l’est de Captieux, au km 80 de la LGV). « On dit toujours, le diable se cache dans les détails. Et là c’est certainement le cas : il y a certainement des choses à vérifier. Mais on ne peut pas le faire devant un écran d’ordinateur en quelques jours. »

Pour d’autres petites communes, c’est tout simplement car télécharger ce document extrêmement volumineux est un parcours du combattant.  Pour 25 000 pages, comptez un document d’environ 15 Go. « Ça nous a pris la journée », reconnaissent certains, non dotés de la fibre.

Plusieurs maires demandent dès lors un report de 6 mois de la délibération, pour mieux examiner le dossier. « Je défie le préfet de consulter 25 000 pages en deux mois tout en continuant ses activités normales ; je pense que ce n’est pas possible. Et ce qu’un préfet ne serait pas capable de faire, je pense qu’un conseiller municipal n’en sera pas capable non plus », avance Philippe Barbedienne.

Contactée, la préfecture précise pour autant que les deux mois donnés aux mairies pour examiner les 25 000 pages sont « réglementaires ».