Par

Briac Trébert

Publié le

19 août 2025 à 15h32

Les modèles météo sont déjà à l’unisson sur ce point. La façade de l’océan Atlantique, en France, va recevoir sa première houle cyclonique de la saison 2025. Les scénarios d’ensemble, comme les modèles déterministes, sont sur cette même trajectoire.

En cause : les restes de l’ouragan Erin, qui devrait passer au large des côtes américaines ces prochaines heures. De la houle, seule conséquence en France ? Encore difficile à dire.

« L’ex-ouragan Erin devrait être au nord des Açores le mardi 26 août 2025 puis remonter vers l’Irlande. La période du mardi 26 au jeudi 28 août devrait être sous son empreinte en France, au moins au niveau des vagues sur la côte, et sans doute, dans le nord-ouest, par ses restes, vent et pluie, et il provoquera aussi du chaud dans le sud-est, encore », anticipe, sur actu.fr, le météorologue et océanographe Yann Amice, qui veut néanmoins rester très prudent à cette échéance lointaine. 

Où en est Erin en ce moment ?

Actuellement, Erin est « inhabituellement gros », soufflant des rafales de la puissance d’un ouragan jusqu’à près de 130 kilomètres au-delà de son œil, et de l’ordre d’une tempête tropicale jusqu’à 370 kilomètres, d’après le National Hurricane Center (NHC).

Bien qu’il ne soit pas prévu qu’il touche terre, les services météorologiques ont exhorté ce lundi après-midi, 18 août 2025, la population américaine à ne pas prendre Erin à la légère. Idem sur la façade ouest de la France, pour un peu plus tard, donc.

Erin arrivera-t-il en France (et quand) ?

Premier ouragan de la saison en Atlantique nord, Erin s’est très rapidement renforcé, atteignant en un peu plus de 24 heures le niveau maximal d’intensité.

« Il va, d’après les trajectoires modélisées, réintégrer le courant général Atlantique au cours du week-end du samedi 23 août et dimanche 24 août 2025 », détaille Yann Amice. Et il devrait ensuite prendre la direction de l’Irlande, voire de la Bretagne.

Dès dimanche soir, 24 août 2025, les premiers trains de houle toucheront la façade aquitaine. Les prévisions annoncent ensuite des vagues de 3 à 5 mètres au large dès le mercredi 27 août, se combinant à de forts coefficients de marée (80 à 90). Ce cocktail rendra les conditions particulièrement dangereuses sur le littoral pour la navigation, et courants de baïnes renforcés conjugués à de puissantes vagues.

Yann Amice
Océanographe

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Rafales à 170 km/h, vagues de dix mètres…

« Les différents ensembles de prévisions (EPS, GEFS, UKMET) s’accordent pour dire que son influence se fera sentir au large de l’Europe de l’ouest : des rafales de 150 à 170 km/h sont attendues, générant une mer très forte.

Dans le quadrant sud-ouest de cette profonde dépression, la hauteur significative des vagues pourrait approcher dix mètres, et atteindre localement le double pour les plus hautes vagues », détaille Yann Amice.

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L’ombre d’Erin plane sur les prévisions météo de la semaine prochaine. (©WeatherNCo avec Meteologix)
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Les trajectoires d’Erin, envisagées d’ici le mercredi 27 août 2025. (©WeatherNCo avec Meteologix)

Erin a traversé dans l’océan Atlantique des eaux exceptionnellement chaudes, ce qui a permis une telle montée en puissance. En réchauffant les mers, le changement climatique rend plus probable l’intensification rapide de telles tempêtes et augmente le risque de phénomènes plus puissants.

Et ce que montre la trajectoire d’Erin vers l’Europe, c’est que l’activité cyclonique ne se limite pas qu’aux tropiques, mais qu’elle intéresse les régions tempérées sous forme de dépression extra-tropicales.

Les phases de transition, qui sont un grand classique de la fin août, se produisent désormais dans un contexte plus chaud. Erin va ainsi réactiver le rail des perturbations. Il ouvre une porte ouest pour une dégradation plus humide sur le quart nord-ouest de la France tandis que le sud-est va se situer à l’avant d’une nouvelle pulsion d’air chaud, ponctuelle.

Yann Amice
Météorologue

Son intensité diminuera mais ne « s’éteindra pas pour autant »

À mesure qu’Erin entrera dans des eaux plus froides, son intensité diminuera progressivement, mais ne « s’éteindra pas pour autant », met en garde Yann Amice.

Si les eaux plus froides ne fourniront pas l’énergie nécessaire pour maintenir la circulation convective caractéristique des ouragans, à cette période de l’année, en plein mois d’août, après une seconde canicule, les eaux sont anormalement chaudes aussi à nos latitudes.

Et ce qui retient l’attention, dans ce scénario qui se dessine la semaine prochaine, c’est surtout l’interaction possible entre la circulation de surface de l’ex-ouragan Erin et le jet en altitude, cet axe de vent d’altitude très puissant circulant autour de la Terre d’ouest en est. Cette configuration pourrait accélérer le creusement de la dépression et redonner de la vigueur au système.

Ces tempêtes extra-tropicales issues de la transformation des ouragans peuvent encore générer des phénomènes marqués et causer des conditions météorologiques, telles que des vents forts, des pluies abondantes et des inondations, lorsqu’elles touchent les régions côtières en Europe de l’ouest.

Malgré des débuts calmes, la saison des ouragans, qui s’étire de début juin à fin novembre, devrait cette année être plus intense que la normale, selon les prévisions des autorités météorologiques américaines.

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