Pour découvrir la faune sauvage, il n’est pas nécessaire de fuir Strasbourg. Avec la LPO, la Ligue pour la protection des oiseaux, la balade naturaliste commence au bout d’une rue. Immersion. 

« Écoutez ! » Marc Keller tend la main en l’air, le silence se fait dans le petit groupe. Rou… Rou… « Deux ‘rou’, c’est un pigeon colombin. » Le chargé de mission biodiversité à la LPO dirige alors sa longue-vue vers la cime d’un platane, observe et invite le groupe à venir regarder dans l’appareil. « Pour voir, il faut commencer par écouter. »

Perché sur une branche, à demi dissimulé derrière l’épais feuillage de l’arbre, un petit pigeon gris.

LPO balade nature ville oiseau oiseaux ornithologie observation faune orangerie © Mathilde Cybulski / Pokaa

Cousin du pigeon des villes, le pigeon colombin niche dans le creux des arbres et se reconnait à ses yeux noirs. « C’est une espèce qui passe beaucoup de temps dans les cimes, explique Nicolas Buhrel, lui aussi chargé de mission à la LPO. Il est donc assez difficile à observer. » Comme pour donner raison à l’ornithologue, le petit oiseau saute sur une autre branche et disparait du regard.

LPO balade nature ville oiseau oiseaux ornithologie observation faune orangerie Nicolas Buhrel, chargé de mission à la LPO Alsace. © Mathilde Cybulski / Pokaa

« C’est un endroit formidable pour observer la faune sauvage »

« Bon, on arrête de vous saouler avec nos pigeons. » Marc range la longue-vue et invite le petit groupe à le suivre. Ce matin, avec son collègue Nicolas, ils animent un atelier à la découverte des oiseaux du parc de l’Orangerie. Plus de 15 passionné(e)s sont venu(e)s profiter de la balade et observer les oiseaux avec les deux ornithologues.

« Ce qui est intéressant dans un parc comme celui-ci, c’est que cela nous permet de montrer que même en pleine ville, on peut rencontrer de nombreuses espèces, explique Nicolas. C’est vraiment un endroit formidable pour observer la faune sauvage. »


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© Mathilde Cybulski / Pokaa

Corneilles noires, mésanges bleues, hirondelles, pies, étourneaux sansonnets… « On trouve plusieurs dizaines d’espèces d’oiseaux qui vivent dans le parc ou en lien avec lui », explique Nicolas. Si on compte les oiseaux de passage, on peut arriver à une centaine d’espèces différentes. »

Pour l’ornithologue, Strasbourg est un lieu parfait pour apprendre à observer les oiseaux. « Tous les parcs de Strasbourg sont intéressants, il y a aussi la forêt du Neuhof, celle de la Robertsau et les berges du Rhin. Un peu plus loin, la réserve du Rohrschollen ou encore le canal de la Bruche. Ce ne sont que des endroits qui sont accessibles en transport en commun ou à vélo. »

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Un jeune merle, un canard col-vert (avec son plumage d’éclipse) et un couple de cigognes. © Mathilde Cybulski / Pokaa

« L’observation de la nature, c’est apprendre à regarder »

Marc poursuit la balade dans les allées du parc. Tendant l’oreille, « là, il y a une mésange charbonnière qui a chanté sur deux notes ». Ou, désignant un arbre, « dans quelques semaines, quand les figues seront mûres, vous verrez des fauvettes à tête noire à proximité ».

Pour chaque oiseau évoqué, Marc sort son téléphone pour faire écouter un enregistrement de son chant. « Avec les oiseaux, l’écoute est très importante, explique Nicolas. Avec un peu de pratique, on peut les différencier à l’oreille. Souvent, au printemps et en été, on entend plus que l’on observe à cause du feuillage des arbres. »

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© Mathilde Cybulski / Pokaa

« Ce qui est intéressant, c’est aussi de remarquer quelles espèces sont absentes, poursuit l’ornithologue. Il y a quelques semaines, on aurait vu des martinets à tête noire, ils nichent dans les bâtiments autour et viennent se nourrir dans le parc. »

Espèce migratrice, ces martinets ne passent que trois mois en ville avant de repartir vers l’Afrique. « Ils sont déjà en train de se rassembler pour la migration. C’est une espèce qui a la particularité de ne se poser que pour nicher, ils mangent et dorment en volant. »

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Un pigeon ramier et un goéland leucophée. © Mathilde Cybulski / Pokaa

LPO balade nature ville oiseau oiseaux ornithologie observation faune orangerie Des pigeons bisets ou pigeons des villes. © Mathilde Cybulski / Pokaa

Au titre des absents, une autre espèce migratrice : les pinsons du Nord. « Eux, viennent passer l’hiver chez nous. Pour ces oiseaux qui vivent en Scandinavie, l’Alsace c’est déjà le sud. »

Pour Nicolas, pas besoin d’aller se perdre à l’autre bout du monde pour commencer à découvrir les oiseaux. « L’observation de la nature, c’est apprendre à regarder. Le mieux pour commencer, c’est de faire cela en groupe comme ce matin. Sur Strasbourg, il y a un groupe local de la LPO qui organise des sorties et un groupe jeune qui est en train de se monter. »

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© Mathilde Cybulski / Pokaa

La ville comme refuge

Si les pigeons sont l’espèce emblématique des villes, une autre défraye régulièrement la chronique à Strasbourg depuis quelques années : les étourneaux. Vivant en colonies de centaines d’individus et particulièrement bruyants, leur installation dans un quartier ne passe pas inaperçue et a le don d’agacer les riverains humains.

« C’est une espèce qui normalement niche dans les roselières, mais comme il n’y en a plus, ils vont dans les champs de maïs, explique Nicolas. Quand les maïs sont coupés, ils viennent s’installer en ville. On change leur milieu naturel, donc ils s’adaptent. »

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Un moineau domestique et une ouette d’Egypte. © Mathilde Cybulski / Pokaa

Depuis plusieurs années, les naturalistes observent que de plus en plus d’espèces sauvages s’installent en ville. « En réalisant des comptages, on observe un mouvement vers les zones habitées. À la campagne, l’utilisation du milieu est très intensive, finalement, il reste peu d’espaces qui ne soient pas utilisés pour les activités humaines. »

Dans les parcs et les jardins des zones pavillonnaires, de nombreuses espèces retrouvent des espaces verts paradoxalement plus accueillants qu’à la campagne.

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Un héron cendré et un moineau domestique. © Mathilde Cybulski / Pokaa

« En ville, on fait aussi de plus en plus attention à la pollution. Pour des oiseaux, cela peut représenter des espaces beaucoup moins pollués que des zones de culture intensive. » Nicolas Buhrel en convient, il y a de quoi faire pour l’ornithologue urbain.

« On dérange même moins en ville, car les espèces qui sont installées ici sont habituées à la présence des humains. En pleine nature, les oiseaux se laisseraient moins approcher que dans le parc. »

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