La Lune avance doucement vers l’antenne, elle remonte le pic jusqu’à ses 2 877 mètres. 5, 4, 3, 2, 1… Clic, clac ! La photo est dans la boîte et pourrait bien renforcer la candidature du Pic du midi de Bigorre au classement Unesco. Eric Carrère vient de réaliser un nouveau cliché dont il a le secret et qui généreront des torrents de likes sur les réseaux sociaux. Une récompense méritée tant ce photographe amateur se donne du mal pour parvenir à l’image parfaite.
« Cette photo résume la quête technique pour se trouver au bon endroit au bon moment », explique ce commercial en assurances qui a découvert son violon d’Ingres à la fin des années 1990 avec les premières photos de ses enfants. « Même si la qualité n’est pas satisfaisante pour moi parce qu’on a de la brume. J’avais réussi quelque chose de similaire il y a deux ans, la météo était plus propice. »
Ce randonneur chevronné ne s’aventure jamais au petit bonheur la chance. « J’étais monté au col d’Aubisque en début d’après-midi. Je l’avais grimpé à vélo et j’avais vu que les planètes seraient probablement alignées. Il fallait ensuite monter sur le col avec la bonne perspective sur le pic. Je vais toujours chercher où me placer, c’est la base. »
Éric Carrère est un randonneur expérimenté qui sait où se positionner pour les meilleures photos.
Éric Carrère
Le travail préparatoire emprunte ensuite à l’aérologie et à la bonne connaissance des nuages. Où son DUT génie thermique et son stage au CNES ne sont pas superflus. « Selon les calculs tout doit concorder, reste toujours l’élément météo. Quand ça se réalise, c’est satisfaisant. »
Focale, profondeur de champ, ouverture… le reste de la recette appartient à la technique du photographe et renvoie à une galaxie de chiffres qu’il serait inutile de reproduire ici, tant les véritables amateurs en sont éloignés. Il dispose d’un matériel adapté et connaît les difficultés de la prise de vue en montagne. « En bivouac, c’est assez dangereux. Il faut bien se positionner, bien s’équiper parce que les conditions, surtout en hiver, ne sont pas toujours très confortables. »
La plaine et les coteaux aussi
Ses clichés, qui associent plusieurs images de Voie lactée pour composer un panorama entier, sont les plus partagés du web pyrénéen. Ils ont même inspiré certaines affiches dont les auteurs n’ont pas toujours pris soin d’aviser l’amateur éclairé. Mais Eric Carrère sait aussi immortaliser la plaine et les vallées moins accidentées.
« J’aime avoir un premier plan et une profondeur avec du minéral, du végétal, de la faune.
Éric Carrère
Établi sur les coteaux de Gan-Jurançon, le photographe est servi en cartes postales naturelles. « J’aime avoir un premier plan et une profondeur avec du minéral, du végétal, de la faune. Ça permet de montrer toute la beauté de la région. Plus les gens apprécient ces images, plus je me dis qu’ils sont enclins à la protéger. »
Le Pont d’Ossau à Oloron s’admire aussi en regardant vers le bas…
Éric Carrère
Le photographe joue avec les éléments à Oloron pour refléter les ponts du Gave, la baigneuse de la fontaine Clemenceau à Pau ou encore rendre hommage aux militaires et secouristes, dont les aéronefs traversent les belles images. On y découvre aussi sa passion pour le vélo comme avec cette image qui accole à un cadre la grande roue du boulevard des Pyrénées.
« L’idée, c’est de combiner mes passions. Comme le grand photographe local Jean-Louis Duzert qui est passionné de flamenco et a réalisé de magnifiques photos de cette danse. »