Les élus d’opposition Claudie Cartereau (Les Écologistes) et Christian Bercovici (PCF) du groupe Alternative de la gauche et des Écologiste reviennent sur le vote lors du dernier conseil municipal d’une délibération portant sur la vente d’un terrain qui avait, soulèvent-ils, été légué à la municipalité par Cécile Beckeric (épouse Fraisse), décédée en juin 2017, à la condition que soit créé un lieu destiné à la petite enfance. Ce qui n’est pas tout à fait le cas. Du moins pas entièrement.
Sur cette propriété située au 134 avenue Jean Monnet comprenant une maison d’habitation d’environ 92m² sur un terrain de 2 780m², il a été décidé à la quasi unanimité (seule la gauche a voté contre) de retenir la candidature du groupe Suprana, qui propose, certes, la création d’une crèche de 223m², mais aussi d’un établissement scolaire non seulement privé mais hors contrat sur presque la moitié de la surface soit 1 100m². Sans compter l’implantation d’une clinique vétérinaire sur 250 m².
Christian Bertocci dénonce alors le respect plus que partiel de la parole donnée à la défunte par la commune en acceptant ce legs, alors qu’« il y avait là l’opportunité de construire une deuxième crèche municipale et répondre à une demande forte des administrés », souligne sa colistière Claudie Cartereau.
École privée hors contrat
Pour ce qui est de l’établissement scolaire sur lequel s’est appuyé le maire LR Robert Beneventi pour qualifier l’esprit du legs de « total », les élus d’opposition pointent que derrière cette extension de l’école primaire du Cours Éric Tabarly de Toulon, censée accueillir sur Ollioules des classes de maternelle et de collège, avec un projet éducatif présenté comme « innovant », on retrouve « un réseau créé par la Fondation pour l’école pointé par de nombreux médias pour sa proximité avec les milieux catholiques proches de la droite voire de l’extrême droite ».
Une école donc pas si aconfessionnelle que ça. Contrairement à l’image affichée.
Pas si sûr que l’ancienne enseignante qui souhaitait faire don de sa propriété à la collectivité aurait apprécié.
« Cette maison n’était pas seulement un bien transmis : elle était pensée comme un abri, un lieu de soin, de jeu, d’éveil et de confiance pour les enfants d’aujourd’hui et de demain », fait remarquer Éric Dussart, un autre militant progressiste de la commune, qui dénonce « le transfert d’un bien public au service d’intérêts privés de type religieux ».
Des orientations municipales qui, dit-il, interrogent profondément, tant sur le plan moral et éthique que sur le respect du principe fondamental d’affectation du legs, inscrit dans notre droit, en évoquant ce qu’il considère comme une « trahison de la volonté de la testatrice ».
Et ce alors, ajoute-t-il, que « les besoins de la commune en matière de petite enfance sont bien réels », « avec des familles en attente de solutions, des personnels en manque d’espaces adaptés et des enfants privés d’un environnement stimulant et bienveillant ». Pour les satisfaire, « une maison de la petite enfance, écologique, évolutive, ouverte sur un jardin vivant », aurait pu pousser là.
Sollicitée, la Municipalité n’a pas souhaité apporter de précision.