Sortons des clichés, ou plutôt entrons dans les siens, empreints d’une grande délicatesse, celle qu’il exprime dans ses carnets de voyage à travers le monde. Jules-Édouard Moustic est un passionné de photo. Son premier appareil, ses parents lui ont offert quand il avait 12 ans, un « Instamatic » avec lequel il a pris des milliers de clichés au point de vouloir en faire son métier en fréquentant une école spécialisée. « Une petite voix m’a dit : ne fais pas cela, garde la photo comme une passion, un plaisir, pour ne pas t’en dégoûter, et quand j’y pense, j’ai bien fait », raconte Christian Borde de son vrai nom.
Les gens de la rue
Ce dernier présente dans cette exposition ses photos de voyage. Les États-Unis, bien sûr, mais aussi le Japon. « J’adore faire des filés, cela se fait dans la photographie sportive, et là, c’est un couple qui sort d’un magasin à Tokyo. J’utilise mon appareil un peu comme un pinceau, je suis le rythme de mes sujets et cela donne un effet de traces. » Sa passion pour le Japon est née lors du tournage d’un film de Patrick Braoudé présenté au Festival du film français de Yokohama. La culture nippone lui inspire des séjours très réguliers pour se ressourcer. « Des gens gentils, élégants, cultivés, porteurs de belles valeurs. Ma famille les partage. »
« Ma nature me porte à tomber plus facilement amoureux des gens de la rue que des gens du cinéma »
« Ma nature me porte à tomber plus facilement amoureux des gens de la rue que des gens du cinéma, un milieu que, contrairement aux idées reçues, je connais finalement peu. J’ai, reconnaissons-le, une carrière assez courte dans ce registre… » Jules-Édouard Moustic s’arrête devant l’un de ses clichés de la célèbre photographe Bettina Rheims. Il en parle avec l’émotion d’un élan instantané d’amour pour la beauté de la photographe et non pour le mannequin qu’elle et lui étaient censés photographier, envoyé en cette fin des années 90, par les équipes de Canal+ pour préparer un pilote. Son talent de photographe était connu sur la chaîne. Il ne fallait pas oublier ses frasques perpétuelles pour autant.
L’ami Benoît Delépine
Le trublion getariar (il vit au village depuis des années, NDLR) marche constamment à l’affect. Rien d’étonnant que de croiser, le soir de l’inauguration de son exposition, son indéfectible acolyte, Benoît Delépine, qui se sent ici chez lui au point d’annoncer l’avant-première de son prochain film au cinéma de Guéthary.
Jamais l’un sans l’autre. Benoît Delépine est venu soutenir son acolyte pour l’inauguration de son exposition.
Philippe Capy
En cette soirée presque familiale, on comptait au-delà des amis fidèles du duo, déjà beaucoup de pastilles rouges de vente sous les photos, signe que son travail séduit. L’une d’elles, prise à Ginza, un quartier huppé de Tokyo, est tout droit sortie de l’univers d’Edward Hopper et plus précisément de l’emblématique « Nighthawks ». Qui l’eût cru ? Celui qui prétend que « Le Gromanche, on fait rien, comme des gros manches… » fait aussi de très belles photos, les « lendi, môrdi, credi, joudi, dredi et sadi… ».
À découvrir jusqu’au 26 août à la petite galerie de la poterie de Guéthary, 49 avenue Harispe.