Au moins 800 consommateurs ont par ailleurs quitté l’espace public l’an dernier, ont annoncé ce mardi les autorités en charge du «plan crack», qui se félicitent d’un «bilan positif» et s’apprêtent à déployer de nouvelles actions.

En Île-de-France l’an dernier, ce sont plus de 800 consommateurs de crack qui ont quitté l’espace public pour démarrer un parcours de soins. Un an après l’engagement de l’étape 2 du « Plan crack », ses six pilotes – la préfecture de région, la préfecture de Police, la mairie de Paris, la procureure de Paris, l’Agence régionale de santé Île-de-France et la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA) – ont dressé ce mardi un «bilan positif» et annoncé le «déploiement de nouvelles actions visant à encore amplifier les efforts engagés depuis plus de cinq ans». Même si l’«apaisement de l’espace public» est encore loin d’être atteint partout dans la capitale, notamment dans le 19e arrondissement…

La «présence continue des forces de l’ordre», conjuguée à l’«éviction des consommateurs des secteurs sensibles du nord-est parisien» (Stalingrad, Éole, Porte de la Chapelle, Rosa Parks, quais du Canal de l’Ourcq), a permis d’empêcher toute réimplantation ou relocalisation d’une scène d’ampleur, comme celle du square Forceval, près de la porte de la Villette, démantelée en octobre 2022, a souligné le préfet de police Laurent Nunez. «Nous interpellons énormément de vendeurs, qui ont de plus en plus de mal à trouver des consommateurs, puisqu’ils sont eux-mêmes de plus en plus dispersés», a-t-il fait valoir.


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Même s’il y en a «beaucoup moins qu’auparavant», a insisté Laurent Nunez, il demeure «des secteurs sensibles où la présence quotidienne renforcée des forces de l’ordre est nécessaire pour le maintien de la sécurité publique». À la frontière du 19e et d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, de nombreux toxicomanes errent encore dans les rues, à tel point que des entreprises proposent à leurs salariés d’être raccompagnés par un vigile du bureau jusqu’au RER…

1 141 trafiquants interpellés en 2024

La préfecture de police a par ailleurs créé un Groupe de Partenariat Opérationnel (GPO) dédié au crack, qui consiste à cibler les problématiques les plus prégnantes, et à les traiter collégialement. En 2024, 1 141 trafiquants ont été interpellés, 23 cuisines de crack ont été démantelées et 26 trafiquants reconduits à la frontière.

Côté justice, «le parquet de Paris a développé une réponse pénale de très haute intensité», a affirmé la procureure Laure Beccuau. «Nous nous sommes intéressés aussi bien aux usagers qu’aux trafiquants, a-t-elle précisé. Ces derniers font l’objet d’un défèrement systématique, principalement en vue d’une comparution immédiate», ou d’une information judiciaire pour les trafics les plus importants. Deux défèrements par jour au sein du parquet de Paris concernent le trafic de crack. En 2024, 362 consommateurs ont pu bénéficier d’une injonction thérapeutique, 43 personnes ont été déférées en vue d’une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité pour des faits de trafic, et 285 autres ont été jugées en comparution immédiate.

«Quand les pouvoirs publics travaillent ensemble, ça fonctionne!»

Afin de renforcer «la médiation dans l’espace public», l’équipe de l’unité d’assistance aux sans-abri (UASA) dédiée aux consommateurs de drogue en errance au sein de la police municipale parisienne, a accueilli trois nouveaux binômes, qui se relaient sur le terrain depuis janvier. L’offre de service de l’espace de repos de la Porte de la Chapelle a été «fortement renforcée»: il est désormais ouvert 7 jours sur 7, sur des horaires élargis, et reçoit en moyenne 200 consommateurs chaque jour. En 2024, plus de 38 000 passages y ont été enregistrés , 4 062 soins infirmiers y ont été réalisés, ainsi que 1 968 démarches sociales. «Je me réjouis vraiment, car on part de loin, mais quand les pouvoirs publics travaillent ensemble, ça fonctionne!», s’est félicitée la maire de Paris Anne Hidalgo, saluant au passage «l’initiative de Rémi Féraud – maire du 10e et successeur adoubé – qui a porté à bout de bras l’ouverture de la Halte Soins Addictions (HSA)».

Les équipes de maraude médico-sociales, «continuellement renforcées depuis 2019», sont désormais «présentes sur la majorité du territoire, avec une attention renforcée dans le Nord-Est parisien», où l’essentiel des scènes demeurent concentrées. Une attention renforcée également sur «la place des mineurs, dont on observe la montée en puissance parmi les consommateurs»: «L’idée, a indiqué Denis Robin, directeur général de l’ARS Île-de-France, est de créer une filière de prise en charge spécifique pour eux».