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Publié le 19/08/2025 18:02

Mis à jour le 19/08/2025 18:09

Temps de lecture : 7min

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président américain Donald Trump et le président français Emmanuel Macron dans le Cross Hall de la Maison Blanche à Washington, le 18 août 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le président américain Donald Trump et le président français Emmanuel Macron dans le Cross Hall de la Maison Blanche à Washington, le 18 août 2025. (ANDREW CABALLERO-REYNOLDS / AFP)

Sept dirigeants et responsables européens se sont rendus à Washington pour défendre l’Ukraine, parmi lesquels Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Une rencontre apaisée et des sourires. Les images de la conférence de presse de Donald Trump et Volodymyr Zelensky, lundi 18 août à Washington, ont tranché avec la dernière visite du dirigeant ukrainien à la Maison Blanche. Ce dernier avait été humilié six mois plus tôt par le chef d’Etat américain et son vice-président, J.D. Vance, au motif qu’il n’avait pas « dit une seule fois merci » pour l’aide apportée par les Etats-Unis à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie.

Cette fois, Volodymyr Zelensky n’a rien laissé au hasard. Le président ukrainien a salué d’emblée son homologue Donald Trump, le remerciant avec insistance pour « l’invitation » et « ses efforts personnels pour mettre fin à la tuerie et arrêter cette guerre ». Il a également pris soin de porter une veste et une chemise sombre, à la place de son habituelle tenue militaire, étrillée lors de la dernière rencontre, ce qu’il lui a valu un compliment du président Donald Trump. « J’adore ! », s’est exclamé de dernier à l’arrivée son homologue ukrainien, en pointant ses vêtements.

Ces détails pourraient tenir de l’anecdote, s’ils n’illustraient pas comment le président américain a imposé aux autres dirigeants son style d’échanges diplomatiques. « Cela montre que Volodymyr Zelensky a bien compris le dirigeant américain », explique à franceinfo Tara Varma, chercheuse en politique étrangère de la France et de l’Europe à la Brookings Institution de Washington. Car durant toute la durée du sommet dans la capitale américaine, centré sur les conditions d’un accord de paix avec la Russie, le président ukrainien et les Européens ont dû s’adapter à la manière de fonctionner de Donald Trump.

Sept dirigeants et responsables européens se sont rendus à Washington pour défendre l’Ukraine, parmi lesquels Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, ou encore la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Face aux caméras du monde entier, les échanges de compliments et d’amabilités ont été nombreux entre Donald Trump et les dirigeants européens, le premier vantant notamment les qualités de dirigeants des uns et des autres. La patronne de la Commission européenne n’a de son côté pas manqué de rappeler l’important accord commercial conclu fin juillet entre les Etats-Unis et l’Union européenne.

Mais l’objectif pour les Européens était surtout de faire front et de peser face à la politique du président américain. « Que la présidente de la Commission européenne vienne en groupe, avec un certain nombre de décideurs, est une démonstration de force. C’est quelque chose qui parle à un homme qui divise le monde entre les winners et les losers », les « gagnants » et les « perdants », explique Tara Varma. « Cela leur donne du poids », continue-t-elle.

Cette présence en nombre est aussi une manière pour les dirigeants européens de répondre aux propos du président américain, qui leur a plusieurs fois reproché un manque de participation au financement de l’Otan. « Les Etats-Unis voient que les Européens et d’autres alliés sont prêts à prendre leurs responsabilités et apporter des garanties de sécurité », a justifié Emmanuel Macron dans une interview sur LCI à l’issue de la rencontre. Avec cette présence au sommet, les Européens ont souhaité « rappeler qu’il n’est pas souhaitable que les questions de sécurité en Europe soient négociées sans leur participation », soulignait lundi sur franceinfo David Teurtrie, spécialiste de la Russie.

Mais, même s’ils ont tenu à défendre leurs arguments, les dirigeants européens n’ont pas abordé directement les questions les plus sensibles, telles que les concessions territoriales exigées par Moscou à Kiev et défendues par Donald Trump à la suite de sa rencontre en Alaska avec Vladimir Poutine, vendredi. Celles-ci ont été reportées à des pourparlers ultérieurs, lors d’un possible futur échange entre Volodymyr Zelensky et le maître du Kremlin. Une manière d’éviter les confrontations à ce stade des négociations avec un allié imprévisible et versatile. « C’est Donald Trump qui a accepté la présence des Européens dans ce sommet, et le continent reste encore très dépendant des Etats-Unis pour sa propre sécurité. Les dirigeants savent que c’est dans leur intérêt de garder un canal de communication avec lui, même en cas de désaccord », explique Tara Varma.

Si les Européens plaident pour qu’un cessez-le-feu soit exigé de Moscou, Donald Trump a écarté cette condition, choisissant la solution défendue par Vladimir Poutine d’un « accord de paix ». Mais Kiev et ses alliés dénoncent une stratégie russe destinée à gagner du temps pour poursuivre l’offensive et étendre les conquêtes territoriales.

Cette question qui représente une « ligne de crête », selon les mots Emmanuel Macron lors de son interview sur LCI. « Le président [Donald] Trump veut la paix en Ukraine et c’est une bonne chose pour nous, il est prêt à mettre son énergie et son engagement », a expliqué Emmanuel Macron. « Mais cette paix ne peut pas être une capitulation, (…) et ne peut pas signifier de brader les intérêts Ukrainiens et Européens », a-t-il nuancé, mettant en garde sur « une paix précipitée ».

« Donald Trump est en position de force dans les négociations, car la Russie a plus peur des Américains » que des dirigeants européens, explique Tara Varma. Mais ceux-ci ont tout intérêt à rester unis face à « un président américain qui a réhabilité Vladimir Poutine et légitimé certaines demandes russes », conclut-elle. C’est de cette manière que les différents dirigeants ont obtenu un engagement des garanties de sécurité sur l’Ukraine du président américain. Mais beaucoup de sujets restent encore à négocier.