Par
Elisabeth Pivin
Publié le
20 août 2025 à 6h50
« Ces œuvres sont, pour l’artiste, des divinités de l’eau », raconte Milena Esturgie, guide du domaine de Villarceaux (Val-d’Oise). Inspirée par l’eau, élément phare du site, l’artiste chinoise Ying Wang expose ses œuvres près de points d’eau, au cœur même des jardins. La promenade plonge le visiteur dans un voyage à travers les siècles. Dans le cadre des Jardins ouverts en Île-de-France, jusqu’au 31 août, le Domaine régional a inauguré son potager conservatoire et son escape game.
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Virage numérique
Depuis l’an dernier, une application numérique permet de réaliser le parcours de façon ludique avec des images, des jeux et une énigme à résoudre.
La présence de l’eau est cruciale et initiale. On pourrait dire que tout a commencé par là.
Milena Esturgie, guide du domaine de Villarceaux.
À Villarceaux, six hectares de bassins, alimentés à 100 % par les sources du domaine, façonnent l’histoire du lieu et du paysage.
Château du XVIIIe siècle. © Elisabeth Pivin
Avant de commencer la balade, rendez-vous au pied d’une tour médiévale à l’intérieur de laquelle se trouve une source qui rejoint les plans d’eau en contrebas.
Au fil du temps, l’eau s’est intégrée et s’est logée au cœur des jardins.
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Les bassins faisaient office d’éléments décoratifs, mais pas que.
Il s’agissaient également de ressources vivrières, avec des viviers pour l’élevage de poissons d’eau douce.
Le Vexin est riche en source d’eau et Villarceaux en est l’emblème. Ses coteaux boisés et ses pierres de calcaire sont également à relever.
Milena Esturgie
Des bassins fonctionnels puis décoratifs
Un jardin des simples est un jardin où l’on cultive des plantes médicinales, souvent associées à des plantes aromatiques et condimentaires.
La visite démarre par le « jardin des sorcières », un jardin de simples (où l’on cultive des plantes médicinales, entre autres) du Moyen Âge.
Cet espace clos et ordonné mêle plantes toxiques, médicinales et culinaires.
Il se situe à proximité des vestiges du premier château médiéval, disparu avec les années.
En poursuivant, une vue, qualifiée « d’iconique et incontournable » par Milena Esturgie, donne sur tous les jardins du domaine.
Ses bassins étaient fonctionnels dès la fin du Moyen-Âge.
La mer était loin, c’était compliqué. Les poissons d’eau douce étaient une denrée exploitée et commercialisée. Là où c’est fort, c’est qu’au début de la Renaissance, on commence à aménager et à penser une promenade et des jardins à Villarceaux. Les terrasses en pierre, visibles sur les côtés, datent également de cette période.
La guide
Les bassins deviennent donc des éléments ornementaux avec les parterres sur l’eau.
Cependant, certains viviers restent conservés.
Des jardins du XVIe siècle
Les allées inondées entourent le jardin qui semble être posé sur l’eau. En réalité, il ne l’est pas du tout.
Milena Esturgie
Le parterre sur l’eau est caractéristique des jardins du XVIe siècle.
Sobre et sans fleurs, il reprend le motif de labyrinthe très à la mode à la Renaissance.
Disparu avec le temps, il est entièrement recréé dès la fin du XXe siècle, lorsque la Région reprend la gestion du domaine.
Elle confie sa restauration à deux paysagistes de renom de cette époque.
S’appuyant sur l’histoire du site et les fouilles archéologiques, ils collaborent avec l’architecte en chef des Monuments historiques afin de redonner vie à ce jardin de broderie.
Aujourd’hui, comme autrefois, on ne s’y promène pas.
Il perdrait tout son intérêt. C’est avec ce recul et cette hauteur qu’il révèle sa force visuelle.
Milena Esturgie
Direction maintenant les terrasses de gauche.
Les jardins d’inspiration italienne reprennent l’idée de ceux de la Renaissance.
Pensés comme étant des « chambres de verdure » ils offrent un espace intime et feutré.
Des bancs de pierre sont dissimulés à travers la végétation.
Lorsqu’on était assis, on était complètement cachés du château et de ses fenêtres. C’était l’endroit propice pour les conversations intimes.
La guide du domaine
L’œuvre de Ying Wang. © Elisabeth PivinChâteau du XVIIIe
« Plus on avance dans la balade, plus on avance dans le temps », confie cette dernière.
Un château du XVIIIe siècle, pensé avec ses jardins, pointe le bout de son nez.
Dès le XVIIe siècle et jusqu’à l’époque contemporaine, Villarceaux était une résidence secondaire, réservée aux propriétaires parisiens.
Ce domaine de campagne était donc particulièrement pensé pour la belle saison.
Leur activité principale se trouvait être la promenade.
Pour l’aristocratie du XVIIIe siècle, se promener dans l’herbe c’était très nouveau et champêtre.
Miléna Esturgie
Le château a été construit en haut d’une colline, autrefois entièrement boisée.
Le jardin en pente, à la française, est appelé vertugadin.
C’est dans cette colline de calcaire qu’a été réalisée cette succession de pentes engazonnées.
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