Publié le
20 août 2025 à 9h39
Alors que la Ville rose célébrait, mardi 19 août 2025, les 81 ans de la Libération de Toulouse, son maire, Jean-Luc Moudenc, à l’image de ce qu’il avait déjà fait lors de la même célébration en 2024, a déclamé un discours très politique, faisant référence à la fois à la situation internationale, mais également nationale, à quelques mois des élections municipales durant lesquelles il briguera un nouveau mandat auprès des Toulousains. Dans ce discours prononcé au cœur de l’ex-prison Saint-Michel, lieu ayant vu l’exécution de résistants, le maire de Toulouse s’est à la fois alarmé d’une situation internationale et a rappelé sa volonté de faire barrage aux extrêmes dans l’Hexagone et à Toulouse. Les principaux axes de ce discours à l’adresse des Toulousains « pour la dernière fois du mandat municipal en cours ».
« Un équilibre du monde remis en cause »
Dans son discours, Jean-Luc Moudenc a évoqué « un monde redevenu instable et dangereux ».
« L’équilibre du monde né de cette victoire est aujourd’hui remis en cause. Les nations constituant cette coalition ne semblent plus, aujourd’hui, vouloir cheminer ensemble […]
Le grand changement géostratégique, pour nous, c’est que notre vieille alliance transatlantique, longtemps basée sur des valeurs de civilisation communes, est devenue aléatoire, obéissant désormais avant tout à une logique matérialiste, à un marchandage économique et financier. Il s’agit là d’un bouleversement majeur, aux conséquences considérables, qui nous oblige à des révisions déchirantes », a-t-il développé.
Jean-Luc Moudenc
Sur l’Europe : « elle doit bâtir d’elle-même une défense européenne »
Face à ce contexte international qui voit « les empires qui se reconstituent comme autrefois, nouant des alliances cyniques sous l’impulsion de dirigeants politiques qui ont en commun des penchants autoritaires et une volonté hégémonique », Jean-Luc Moudenc estime « que la seule voie de salut, pour notre pays et pour nos valeurs, humanistes et démocratiques, réside dans une Europe qui serait capable de s’unir sur l’essentiel, en particulier pour sa sécurité ».
Et le maire de Toulouse de dessiner sa vision :
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« L’Europe doit enfin devenir adulte, se prendre en main, pour bâtir d’elle-même une défense européenne. Cela suppose deux grandes évolutions. D’abord un changement d’état d’esprit, l’abandon d’une forme ancienne de pacifisme naïf. Cela nécessite aussi, notamment chez beaucoup de nos voisins européens, la fin d’une confiance en forme de chèque en blanc donné aux États-Unis. Le réarmement, ce n’est pas préparer la guerre – ce que ne manqueront pas de dire les ennemis du projet européen – il s’agit surtout de ne pas la subir. […] Il s’agit de se réarmer, non dans l’optique de faire la guerre, mais pour recouvrer de notre puissance collective et dissuader d’éventuelles agressions, dans un monde où resurgissent les conflits aux quatre coins du globe. L’Europe dont nous avons besoin, c’est une Europe forte qui pèse dans les équilibres mondiaux d’aujourd’hui, avec ses valeurs.
Pour Jean-Luc Moudenc la construction d’une défense européenne « ne pourra se concrétiser que progressivement et au prix de multiples harmonisations, organisationnelles et technologiques. Cela exige de faire des choix politiques courageux et de les décliner sur le temps long ».
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« Pour une Europe politique »
Outre le réarmement de l’Europe, le maire de Toulouse a, dans son discours, appelé de ses voeux la construction d’une Europe plus politique :
« Depuis des années, la construction européenne ne fait plus rêver et montre ses limites. Tantôt l’Union européenne est perçue comme une autorité réglementant à l’excès, tantôt elle incarne le contraire, un laisser-faire ultra-libéral. L’Europe est loin d’être vécue comme une protectrice et ce défaut majeur nourrit le procès que lui font les nationalistes de tous acabits. Il est donc temps que l’Europe se dote d’une dimension politique, au sens le plus
noble de ce terme.
La France « dans une crise politique permanente »
Dans ce discours, Jean-Luc Moudenc, a longuement évoqué la situation en France :
Notre pays s’est installé dans une crise politique permanente, avec un pouvoir faible
alors qu’il faudrait, au contraire, que l’autorité de l’État soit forte pour prendre des
décisions à la hauteur des enjeux dans nombre de domaines majeurs. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle qui prévalait, il y a près de 100 ans, au début des années 30Jean-Luc Moudenc
« Retrouver au plus vite l’équilibre des finances de l’État »
Il a insisté, comme il l’a fait à de multiples reprises ces derniers mois sur la nécessité pour l’État de « redresser ses finances » :
« Ici, on sent bien qu’il est vain de vouloir bâtir une Europe puissance, où la France jouerait un rôle majeur, voire codirecteur, si nous demeurons incapables de rétablir une santé florissante des finances de la Nation. Or, les pays comparables au nôtre qui ont redressé leurs finances publiques l’ont fait en construisant un consensus transpartisan, avec une trajectoire pluriannuelle respectée par tous les gouvernements successifs, par-delà même les alternances. En France, nous sommes bien loin d’approcher une telle capacité d’intelligence collective ! Pourtant, il serait illusoire de penser faire entendre notre voix sur la scène européenne et internationale sans retrouver au plus vite l’équilibre des finances de l’État. »
« L’amour de notre pays » et le barrage aux extrêmes
Pour Jean-Luc Moudenc, « notre société actuelle a perdu, par bien des aspects, le lien entre l’amour de notre nation et les Français ». Il développe :
« L’amour de notre pays n’appartient pas au sectarisme d’un extrême, et ne peut souffrir d’un injuste rejet motivé par le cynisme électoraliste d’un autre extrême. L’amour de notre pays est un bien commun à protéger. Il est à protéger face à ceux qui veulent façonner une nouvelle France en attisant les braises d’une guerre civile qu’ils semblent attendre de leurs vœux, en tenant un discours d’inversion des valeurs, en cherchant à diviser plutôt qu’à rassembler. Ceux-là brandissent les drapeaux du régime fondamentaliste iranien dans les
manifestations d’extrême-gauche, inspirent les tags et les dégradations dans l’espace public visant autant nos forces de l’ordre que les élus, se montrent complaisants envers l’islamisme, cautionnent les discours anti-France et nourrissent l’inquiétante résurgence de l’antisémitisme – incroyable régression par rapport à tout ce que nous célébrons en ce jour.
Il poursuit :
« 80 ans après la libération des camps, nous devons être intransigeants face à ceux qui
feraient en sorte que l’Histoire – dans ce qu’elle a eu de plus sordide – se répète, ou plutôt, que nous la laissions se répéter. Si nous laissions faire, à quoi cela servirait-il de se réunir aujourd’hui pour cette commémoration ? «
«Repousser tout à la fois, le nationalisme et le mélenchonisme »
Dans sa conclusion, le maire, appelle à « une forme d’union nationale » et à « un barrage républicain complet envers les extrêmes ».
Il développe :
Notre pays s’est installé dans une crise politique permanente, avec un pouvoir faible
alors qu’il faudrait, au contraire, que l’autorité de l’État soit forte pour prendre des
décisions à la hauteur des enjeux dans nombre de domaines majeurs. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle qui prévalait, il y a près de 100 ans, au début des années 30Jean-Luc Moudenc
Avant de conclure :
Les échéances électorales de 2026 et 2027 seront cruciales à cet égard. Il s’agit de renouer avec la méthode et l’esprit du Conseil National de la Résistance, en excluant les extrêmes et sans récupération politicienne des uns par les autres. Et de dessiner ensemble des solutions solides pour les grands sujets d’avenir de notre pays et de notre peuple ».
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