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Rédaction Métropolitain

Publié le

20 août 2025 à 11h51

Une équipe, coordonnée par le professeur Charles Herbaux du CHU de Montpellier, a développé une méthode innovante dans la prédiction de l’efficacité d’un traitement contre le cancer chez un patient donné. Une grande avancée, dans le cadre de la médecine de précision, quand il devient de plus en plus important de disposer de tests rapides et fiables.

Un test simplifié

Dans cette nouvelle étude du CHU de Montpellier et du CNRS, l’équipe du Pr Herbaux se concentre sur l’apoptose, la mort cellulaire programmée que l’on cherche à déclencher dans les cellules cancéreuses. Si la plupart des tests classiques mesurent le pourcentage de cellules cancéreuses vivantes et le pourcentage qui est en apoptose, c’est-à-dire en train de mourir avec le traitement évalué, ils ne ne prennent pas en compte ce qui se passe dans la cellule avant qu’elle ne déclenche l’apoptose.

L’étude montpelliéraine évalue justement comment la cellule cancéreuse choisit de déclencher sa propre mort en réponse à un traitement donné. Une technique nommée « profilage BH3 » du nom des molécules (protéines de la famille des BH3) qui portent ce choix au niveau intracellulaire. Ainsi, dans une version simplifiée de ce test, au lieu d’utiliser des peptides complexes, des médicaments BH3 mimétiques sont directement utilisés comme sondes. Une méthode qui permet par ailleurs de réduire les coûts et la complexité technique tout en obtenant des résultats plus fiables.

Sur plusieurs types de cancers du sang

Les résultats montrent que cette nouvelle technique fonctionne bien sur plusieurs types de cancers du sang, comme les leucémies et lymphomes, à la fois sur des cellules issues de lignées de laboratoire et sur des cellules cancéreuses de patients. Elle permet non seulement de détecter la sensibilité de base des cellules à des traitements mais aussi de voir comment cette sensibilité évolue après une exposition à un autre médicament, le but étant de trouver des synergies thérapeutiques.

Une collaboration essentielle entre équipes cliniques et recherche fondamentale

Un aspect fondamental de cette avancée repose sur la collaboration étroite entre les équipes cliniques, en première ligne face aux patients, et les laboratoires de recherche fondamentale. Cette synergie entre le lit du patient et la paillasse du chercheur est l’un des piliers de la médecine de précision moderne. Les cliniciens apportent une connaissance fine des besoins réels sur le terrain : ils identifient les limites des approches actuelles, sélectionnent les patients appropriés, et participent activement à la conception des tests utiles en pratique. De leur côté, les chercheurs fournissent les outils technologiques, les modèles expérimentaux, et l’expertise biologique nécessaires à l’innovation.

C’est cette complémentarité qui permet le développement de tests comme le profilage BH3 simplifié : un test à la fois pertinent cliniquement et réalisable techniquement. Par ailleurs, l’accès aux échantillons cliniques issus directement des patients est essentiel pour valider les hypothèses issues du laboratoire. Cette boucle de rétroaction entre observation clinique et validation expérimentale est indispensable pour garantir que les innovations soient non seulement prometteuses sur le plan théorique, mais aussi transposables dans un contexte réel.

Enfin, ces collaborations favorisent aussi une meilleure formation des jeunes chercheurs et cliniciens. Travailler dans un environnement interdisciplinaire leur permet de développer une vision plus globale, à la fois scientifique et médicale, des enjeux de la lutte contre le cancer. Ainsi, cette étude est un exemple concret du potentiel transformateur des partenariats noués par les professionnels du CHU de Montpellier. Elle ouvre la voie à une médecine plus personnalisée, réactive et efficace, au bénéfice direct des patients.

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Cette méthode innovante pourrait faciliter l’utilisation de tests prédictifs dans les hôpitaux, aidant les médecins à mieux choisir les traitements anticancer les plus adaptés à chaque patient de manière plus rapide et plus accessible. Un travail  porté par un jeune chercheur, le Dr Valentin Jacquier, au sein de l’environnement de travail offert par le Pr Jérôme Moreaux au sein de l’Institut de Génomique Humaine (CNRS, Montpellier), rentrant dans la continuité des précédents travaux du Pr Charles Herbaux à l’université d’Harvard.

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