Les avocats de Kilmar Abrego Garcia, ce réfugié vénézuélien protégé aux États-Unis, envoyé à tort dans une prison du Salvador, et dont le nom est devenu emblématique de la lutte contre la politique anti-immigrés de l’administration Trump, ont accusé mardi les procureurs fédéraux de « poursuites vindicatives et sélectives » contre lui, espérant obtenir l’annulation des accusations criminelles portées contre lui.

Le jeune père de famille pourrait être libéré vendredi de la prison du Tennessee où il a été enfermé après son retour, obtenu de haute lutte devant les tribunaux, et en dépit de l’ardeur du ministère américain de la Justice à brosser de lui le portrait d’un délinquant. Lui-même a demandé fin juin à rester en détention, de crainte d’être à nouveau expulsé, tant la pression politique est forte.

« Kilmar Abrego Garcia a été ciblé par le gouvernement des États-Unis », accusent ses avocats dans le dossier de 25 pages complétant leur requête. Ils font valoir que le gouvernement l’avait inculpé « parce qu’il avait refusé d’acquiescer à la violation par le gouvernement de ses droits à une procédure régulière ».

« Ciblé par le gouvernement des États-Unis »

Le Salvadorien a été expulsé en mars vers la méga-prison CECOT du Salvador — malgré une décision de justice de 2019 interdisant son expulsion par crainte de persécution — après que l’administration Trump a affirmé qu’il était membre du gang ultra-violent Tren de Aragua, puis, face à la fronde, d’avoir appartenu au gang criminel MS-13, ce qu’il nie dans les deux cas.

VidéoExpulsé par erreur des États-Unis, il est emprisonné dans l’une des plus grandes prisons du monde

Après de multiples recours, jusqu’à la Cour suprême, il a été ramené aux États-Unis en mai, et aussitôt conduit à Nashville pour y être inculpé. Il aurait prétendument transporté des migrants sans papiers en 2022, avait accusé la ministre de la Justice lors d’une conférence de presse. Dans la foulée, un procureur fédéral du Tennessee, Ben Schrader, avait soudainement démissionné, dénonçant, selon un média américain, les motivations politiques de l’affaire.

Dans le dossier déposé mardi, les avocats font valoir que leur client, lors du contrôle de police en 2022 avec des personnes « sans bagages » dans son véhicule, avait été « renvoyé chez lui sans même une contravention ». « Pourtant, trois ans plus tard, sans aucun lien avec le sujet, le gouvernement a arrêté M. Abrego dans la rue – ainsi que d’autres personnes ayant un statut d’immigration similaire – dans le cadre d’une campagne de répression de l’immigration qui a créé la surprise », ont-ils déclaré.

Une fois le jeune homme emprisonné au Salvador, et malgré la reconnaissance d’une erreur, l’administration Trump « n’a pas réagi avec contrition, ni avec un quelconque effort pour réparer son erreur, mais avec défi » pour des raisons politiques, puis avec acharnement pour le « punir d’avoir osé riposter » .