L’idée ciné du week-end : « The Conjuring », la saga flippante à re(découvrir)

Avec un quatrième opus en approche sur les écrans hexagonaux (sortie le 5 septembre), l’occasion était toute trouvée pour proposer une rétrospective de la saga d’épouvante The Conjuring, retour plutôt efficace sur les dossiers traités durant les années 1960 et 1970 par les enquêteurs « paranormaux » Ed et Lorraine Warren. Défi relevé à Strasbourg par le cinéma Vox, qui proposera ainsi d’enchaîner les trois premiers volets de la franchise ce samedi 23 août (*), et accessoirement d’en évaluer les mérites respectifs.

Les deux premiers opus, mis en scène par le maestro du genre James Wan, sont certainement les plus réussis de la licence. Prenant le parti de suivre de façon quasi documentaire le couple Warren dans ses investigations, sans se préoccuper des inévitables accusations de charlatanisme qui l’ont poursuivi tout au long de sa carrière, le réalisateur de Saw et Insidious déroule sa maîtrise de la grammaire horrifique et parvient (en particulier dans le premier film dédié à l’affaire de la maison hantée de la famille Perron) à créer une véritable sensation de malaise, jusqu’à invoquer la peur la plus viscérale à son climax. Une double proposition portée par la conviction inébranlable des protagonistes, nourrie d’effets spéciaux efficaces, jamais trop appuyés, et qui renoue avec quelques classiques du genre comme le redoutable Amityville la maison du diable, sorti en 1979. La filiation fait sens, d’ailleurs, le dossier évoqué par le long-métrage de Stuart Rosenberg faisant lui aussi référence à une affaire suivie par Ed et Lorraine Warren, le massacre de la famille Defeo le 13 novembre 1974.

Le troisième opus voit Michael Chaves passer derrière la caméra, hélas avec moins d’efficacité cinématographique. Desservi par sa forme et son sujet – un récit de procès virant à l’introspection – The Conjuring : sous l’emprise du diable se noie dans une structure complexe, plombé de surcroît par son goût pour les jumpscares et une bigotterie superflue. Reste pourtant une œuvre à redécouvrir ne serait-ce que parce qu’elle relate une affaire qui marqué son temps (une défense devant la justice pour la première fois basée sur la possession) et qu’elle ose diffuser un enregistrement d’exorcisme tiré d’un véritable document d’archives lié au dossier. La réalité plus forte que la fiction ? A chacun de se faire son opinion…

Nicolas Blanchard