Ces victimes de l’incendie qui avait ravagé une partie des quartiers nord de Marseille, début juillet, bénéficient désormais d’un terrain appartenant à la municipalité afin d’y installer des bungalows. Une solution de transition inespérée.

«On est restés quatre jours dans la voiture avec mon mari, puis trois chez ma sœur, avant de passer 16 nuits à l’hôtel. On dort maintenant dans un camion depuis 20 jours», énumère Anne-Marie, privée de son T3 situé dans le quartier de Château-Bovis qu’elle a subitement quitté après 37 ans de location. «Les combles ont brûlé et le reste est inondé. Je ne peux plus rentrer chez moi. Le jour de l’incendie (le 8 juillet dernier, NDLR), ma fille est arrivée en hurlant qu’il fallait partir. On a eu le temps de fuir in extremis», poursuit la retraitée auprès du Figaro.

Comme des dizaines de personnes résidant dans le quartier, Anne-Marie et ses proches n’ont depuis pas retrouvé de solution de logement fixe depuis la catastrophe, oscillant entre plusieurs véhicules et des établissements hôteliers pris en charge par leurs assurances. «On a pris la décision de ne plus batailler avec eux, il faut supplier pour se faire rembourser la moindre nuit. Le CCAS (Centre communal d’action sociale, NDLR.) et de nombreuses personnes nous ont apporté de l’aide. On fait comme on peut», souffle-t-elle.


Passer la publicité

Une situation qui a mis à rude épreuve les nerfs d’Anne-Marie et de tous les sinistrés de l’incendie qui avait parcouru, en quelques heures, plus de 700 hectares entre Les Pennes-Mirabeau et Marseille. Mais ces derniers jours, une bonne nouvelle est venue égayer le quotidien des victimes : désormais, elles peuvent accéder à un terrain appartenant à la mairie et situé à proximité de leur ancien lieu de vie afin d’y déposer des bungalows.

Pas d’électricité

«La Ville de Marseille, devant l’urgence de la situation des familles concernées, a proposé l’accès à un terrain lui appartenant, via une convention d’occupation temporaire, afin que les sinistrés puissent y installer à titre provisoire des bungalows, dans l’attente de la réalisation des travaux», indique la municipalité, précisant que les sinistrés du quartier de Château-Bovis bénéficieraient en outre, comme chaque ménage victime de l’incendie, de deux aides financières exceptionnelles votées en conseil municipal.

Une proposition accueillie à bras ouverts par les riverains sinistrés, même s’ils doivent s’acquitter à leurs frais d’un bungalow adapté à leurs besoins avant d’espérer retrouver leur foyer. «On a acheté le nôtre 4000 euros, plus 800 euros de transport. On doit encore y faire installer une douche et des toilettes. Si tout va bien, on devrait s’y installer dans une semaine», se réjouit Anne-Marie, dont le quotidien s’est transformé en un véritable calvaire.

«Mon mari est appareillé car il fait de l’apnée de sommeil. Nous n’avons pas pu brancher l’appareil car nous n’avons pas d’électricité. On se lave avec des sceaux et de l’eau qu’une dame a gentiment mis à disposition des familles. J’ai passé toute la nuit debout dans le camion car je n’arrivais pas à dormir», énumère celle qui souffre de douleurs aux mains ainsi qu’aux jambes et prend plusieurs traitements médicamenteux. Une première étape vers le retour à la normale, qui s’annonce long pour les victimes.

«Je pense que les travaux vont durer longtemps. On espère que le propriétaire soit plus conciliant et qu’il nous laisse signer un nouveau bail», implore Anne-Marie. «L’obligation de relogement des sinistrés de Château-Bovis, qui ont un statut de locataire, appartient entièrement au propriétaire. Celui-ci s’est engagé à réhabiliter ou à reconstruire», rappelle la Ville de Marseille.