Gérard Chaliand, à Saint-Malo, en juin 2011. PHILIPPE MATSAS/OPALE.PHOTO
Dernière visite à l’hôpital, ce printemps, à Paris. Regard droit, amaigri, port altier, bonnet de laine enfoncé sur son crâne chauve de bonze savant, il cite quelques vers libres tout récemment écrits : « Ma vie touche à sa fin/ Je suis serein/ Presque détaché/ Nul besoin d’être stoïque/ Je ne souffre pas/ Je décline. » Cette vie, Gérard Chaliand – mort le 20 août, à 91 ans, à Paris – l’a remplie comme personne : voyageur et professeur, poète et polémologue, auteur-traducteur, stratège et militant.
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Homme libre, avant tout. Il ne dépendait d’aucune institution, d’aucun corps de métier. Il avait acheté, au prix d’une austérité de moine-soldat, cette possibilité de faire ce qu’il aimait le plus : partir – ayant lu tous les livres, ou presque. De retour dans son studio du 13e arrondissement, il s’installait à gauche de la porte d’entrée et se mettait au travail debout derrière son écritoire. Combien de livres ? Pas loin d’une quarantaine. On en oublie sûrement, tant était vaste le champ de ses curiosités : traités de spécialiste ès guérillas ; manuels de décolonisation ; vastes synthèses de géopolitique ; conteur de civilisations disparues ; confectionneur d’atlas ; poète de l’amour et des grands espaces ; écrivain-voyageur ; traducteur de poésies kurdes. En France, aux Etats-Unis, en Asie, au Moyen-Orient, il a enseigné dans les plus grandes universités.
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