C’est une erreur de plume qui a sauvé Anissa L. d’une probable condamnation derrière les barreaux. Ce lundi 14 avril, la mère de famille a comparu devant le tribunal correctionnel de Marseille pour avoir tenté, le 9 avril dernier, de transmettre un pochon de drogue à son fils de 17 ans incarcéré en établissement pour mineur (EPM) lors d’un parloir, alors qu’elle-même purgeait une peine de détention sous bracelet électronique.

La justice la soupçonnait également d’avoir incité la petite amie de ce dernier, âgé de 16 ans, à se dénoncer à sa place. Sitôt leur manège repéré par une surveillante, l’adolescente en avait endossé la responsabilité. Dans le téléphone d’Anissa L., déjà condamnée plusieurs fois pour escroquerie et trafic de stupéfiants, les policiers avaient retrouvé ce message adressé à la jeune fille : « Merci ma belle tu es la meilleure belle-fille, ne change pas de version et ça ira ! » L’adolescente avait craqué lors de son ultime audition.

Reconnaissance partielle

Face aux juges, Anissa L. a donc fait volte-face. « Je tenais à m’excuser… En garde à vue, je me suis retrouvée prise dans le mensonge de départ, je n’arrivais pas à en sortir », a-t-elle reconnu, tout en affirmant à plusieurs reprises qu’elle pensait que ce sachet, qu’on lui avait apporté devant l’EPM dix minutes avant son parloir, ne contenait que du tabac. « Mon fils m’avait dit qu’il était sous pression à cause de détenus et que ça lui permettrait de souffler en en donnant à quelques détenus. […] Que s’il n’avait pas ça, il se ferait frapper. […] Je sais bien que c’est une erreur qui peut me coûter cher. »

Dans le box, les traits tirés, cette mère de huit enfants dont trois ont été placés lors de sa dernière incarcération, a supplié les juges d’être cléments. « Je travaille, j’aide les personnes qui ont besoin de soins palliatifs à domicile, avec des astreintes de nuit. J’essaie de récupérer mes enfants et je respecte les obligations de mon bracelet, tous les rendez-vous », a listé, éplorée, la prévenue.

12 mois de prison ferme requis

Le procureur Bertrand Gauthier ne s’est pas laissé attendrir, constatant dans le casier d’Anissa L. « un ancrage assez profond et ancien dans la délinquance » et dans son discours, « une volonté de fuir ses responsabilités ». Il a requis 12 mois de prison avec maintien en détention.

Mais en défense, l’avocate Me Cynthia Clément, elle, avait une carte maîtresse dans sa manche. Une erreur de date – à deux jours près – viciait le renvoi de la mère de famille devant le tribunal. Ce vice de procédure a emporté la relaxe ; Anissa L. est ressortie libre.