« J’étais devant la toile et je voulais peindre un bouquet de fleurs. C’est alors que je reçus des esprits supérieurs l’ordre suivant : pas de bouquet ! Peins des flamants roses ! J’ai d’abord voulu continuer à peindre, mais j’ai vite compris qu’ils ne plaisantaient pas. » Facétieux, Sigmar Polke (1941–2010) est encore étudiant à l’Académie des beaux-arts de Düsseldorf lorsqu’il écrit cette anecdote sur le volet d’un retable, Vitrinenstück (1966). Il n’a que 25 ans, mais a déjà trouvé son ton, sa patte : son art sera gai, irrévérencieux, il se moquera du sérieux des musées, des artistes et de leurs tics, mais s’avérera aussi profond, critique.

Cet été, il s’invite chez Van Gogh, à Arles. « La comparaison ne va pas de soi », reconnaît la directrice de la fondation, Bice Curiger (qui signe avec Polke sa dernière expo avant de passer la main à Jean de Loisy), mais c’est la collectionneuse Maja Hoffmann, fondatrice de la voisine fondation Luma, qui lui a soufflé l’idée. « J’ai d’abord été étonnée, presque incrédule », explique Curiger dans le catalogue, avant d’être « inspirée » par le dialogue entre les deux artistes, « des réalistes qui ont cherché comment exprimer leur perception du monde avec davantage d’actualité et d’intensité. »

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