Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur des soupçons de violences policières contre deux Afghans interpellés le 4 août dans un campement de fortune de la capitale, a indiqué mercredi l’avocat des plaignants.

L’enquête visant des officiers de police, confiée à l’IGPN (Inspection générale de la Police nationale), a été ouverte pour « violences avec arme, destruction et dégradation de biens, et injures publiques en raison de l’origine », a détaillé Mediapart. Ni le parquet de Paris, ni l’IGPN n’ont donné suite aux sollicitations.

« Coups de pied et de poings »

L’un des Afghans, âgé de 31 ans, est « réfugié politique » et l’autre, 20 ans, est « en procédure d’asile accélérée », a assuré leur conseil, Me Florian Bertaux.

Selon lui, ses clients ont été auditionnés par l’IGPN mi-août. Il explique qu’ils ont été interpellés dans un camp du quartier La Chapelle (XVIIIe), puis conduits dans un commissariat de cet arrondissement.

Selon l’avocat, au commissariat, des « coups de pied, poings » ont été assénés par des policiers, ainsi que « des coups portés avec des poubelles » posées « sur la tête » des Afghans. Des « stylos » ont aussi été « enfoncés dans les oreilles » des deux interpellés.

Les policiers ont « demandé à l’un, avec une serpillière, d’éponger le sang », puis ont « frotté la serpillière sur l’un d’eux » et voulu « mettre la serpillière dans la bouche de l’autre, plein de sang ». Me Bertaux fait aussi état de « coups de ceinture dans la salle de fouilles ».

Les policiers ont « demandé à l’un, avec une serpillière, d’éponger le sang », puis ont « frotté la serpillière sur l’un d’eux » et voulu « mettre la serpillière dans la bouche de l’autre, plein de sang »

« Des actes dignes des tortionnaires libyens »

« Si ces faits sont exacts, et il semble difficile de dire qu’ils ont été inventés au vu des détails et de leurs propos qui n’ont pas varié, nous sommes face à des actes dignes des tortionnaires libyens », a réagi Paul Alauzy, porte-parole de l’association Médecins du monde (MDM) qui accompagne les deux Afghans dans leurs démarches.

« En saisissant l’IGPN et le défenseur des droits, nous espérons que les caméras de surveillance du commissariat seront exploitées et permettront de faire la lumière sur ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.

« Pourquoi ce sont mes deux clients qui sont interpellés, un qui est porte-parole du camp, et un autre qui filme souvent les interventions des policiers mais est bras croisés ce jour-là ? », s’est interrogé Me Bertaux, renvoyant à une vidéo de l’interpellation mise en ligne sur le site de Mediapart.

« Trois individus se sont opposés à la police »

La préfecture de police a précisé que les forces de l’ordre étaient intervenues le 4 août pour sécuriser les lieux à la demande des services propreté de la ville de Paris.

« Trois individus se sont opposés à cette action en s’en prenant violemment aux forces de l’ordre » et ont donc « été interpellés », a-t-elle indiqué.

Les deux hommes ont été relâchés. Le plus âgé est convoqué au tribunal correctionnel de Paris, le 3 février, pour outrage et rébellion ayant entraîné une incapacité temporaire de travail (ITT) de huit jours sur une policière, ce qu’il conteste, selon son avocat.

Selon MDM, ce campement a reçu la visite de la même équipe de policiers à cinq reprises en deux semaines.