Le nombre de cas déclarés de légionellose progresse régulièrement, analyse Émilie Bessède, biologiste au CHU de Bordeaux. Elle explique ce phénomène par la multiplication des brumisateurs publics, pulvérisateurs d’eau, rafraîchisseurs et autres climatisations. « Tout ce qui est accessible au grand public est censé faire l’objet de contrôles en temps réel, rappelle-t-elle. C’est le cas, d’ailleurs, ce qui permet aux responsables de sites tels que les hôpitaux, les entreprises et les lieux publics de surveiller le taux de bactéries et de réagir en cas de doute. »
Émilie Bessède, biologiste au CHU de Bordeaux
CHU de Bordeaux
La légionellose a longtemps été qualifiée de « maladie du confort » parce qu’elle est directement liée à l’utilisation des systèmes modernes d’alimentation en eau, notamment les réseaux d’eau chaude sanitaire, les tours de refroidissement, les bains à remous, les brumisateurs et les systèmes d’air conditionné. « Elle doit son nom à une épidémie survenue en 1976 lors d’un congrès de la Légion américaine à Philadelphie, mettant en cause une bactérie qui survit dans l’eau mais n’est détruite qu’au-delà de 45 °C », précise la biologiste bordelaise.
Fièvre à 40 °C, toux et maux de ventre
« La maladie est rare, compte tenu de nos expositions répétées, soutien le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux. Il s’agit d’une pneumopathie, une infection des poumons avec un taux de létalité qui n’est pas négligeable. » Émilie Bessède rappelle de son côté que les personnes contractent l’infection « par l’inhalation de gouttelettes d’eau contenant la bactérie. La maladie est à déclaration obligatoire, ce qui permet aux autorités sanitaires d’engager une enquête pour identifier l’origine de la contamination et la contenir ».
La légionellose est difficile à identifier car les symptômes peuvent laisser croire à un état grippal, et beaucoup de cas passent aux travers des filets des autorités sanitaires. « Le diagnostic est compliqué à poser, admet le professeur Cazanave. Après l’examen clinique du patient, il faut pratiquer un interrogatoire. Avez-vous utilisé une douche publique, une au fond du jardin ? Avez-vous fait couler l’eau un peu avant pour évacuer une éventuelle bactérie ? Les douches peu utilisées peuvent abriter cette bactérie. Idem pour les climatisations dans les hôtels ou les avions. Donc nous posons toutes ces questions. Puis il faut pratiquer une simple analyse d’urine qui va permettre de chercher la bactérie. »
Le professeur Charles Cazanave, infectiologue au CHU de Bordeaux
archives Thierry DAVID / O
« Le patient touché par la légionelle présente une fièvre jusqu’à 40 °C, poursuit le spécialiste. La pneumonie débute très vite, avec une toux associée à des douleurs musculaires, des maux de tête – jusqu’à la confusion parfois – et des signes digestifs comme des maux de ventre et des diarrhées. Systématiquement, les patients diagnostiqués sont hospitalisés. Parmi ces patients, un cas sur deux devra être transféré en réanimation. Les personnes les plus exposées sont les seniors, bien sûr, mais aussi les malades chroniques respiratoires, les fumeurs, les alcooliques et les cardiaques. »