« À ce niveau, c’est un énorme gâchis », souffle le syndicaliste. Un mois après la validation de la reprise de son activité rentable de production de kits de diagnostics du cancer par Heliodag, devenue effective le 1er août dernier, la société Veracyte SAS attend désormais sa liquidation, prévue courant septembre. Lâchée par la maison mère étasunienne. Après le licenciement, déjà effectif, de 108 de ses salariés, cette liquidation viendra fermer définitivement les portes de sa branche de recherche et développement installée à Luminy, dans le 9e arrondissement de Marseille. Celle-ci, pourtant, a massivement été soutenue par des fonds publics.
Une plongée dans les comptes de l’entreprise, consultés par La Marseillaise, permet de s’en rendre compte. « Veracyte bénéficie de plusieurs programmes de subventions lui permettant de financer ses projets en phase de développement », y est-il détaillé. Ainsi, en 2021 – année du rachat par Veracyte – tout comme en 2022, l’entreprise a engagé un million d’euros de subventions d’investissements, puis 672 000 euros en 2023. S’y ajoutent, sur la même période, près de 500 000 euros de subventions d’exploitation. De l’argent versé par la Banque publique d’investissement (BPI) au titre du Concours mondial innovation, ainsi que par l’Agence nationale de la recherche à travers deux programmes de recherche hospitalo-universitaire en santé, Pioneer et Myprob, indiquent les comptes de l’entreprise. « Aucun montant n’a été versé à Veracyte par Bpifrance depuis 2021, la dernière intervention datant de 2020 », indique cependant la BPI, en assurant que l’entreprise est à jour de ses remboursements. L’agence nationale de la recherche, de son côté, renvoie vers les établissements coordinateurs qui répartissent les subventions.
Manne du crédit d’impôts
La Région Sud a aussi mis au pot. 500 000 euros ont accordé à HalioDx, avant son rachat par Veracyte, « pour agrandir ses locaux et développer ses activités à Luminy », dont 150 000 euros versés dès 2021. « L’entreprise a jusqu’en avril 2026 pour fournir les informations nécessaires à l’exécution de son projet », précise la collectivité, qui fera un bilan à cette date.
Mais c’est surtout du crédit d’impôts recherche qu’a bénéficié l’entreprise, à hauteur de 3 millions d’euros par an, selon le délégué CFDT. Quelque 8,2 millions d’euros, pour la période de 2021 à 2023, sont inscrits dans les créances de la société, qui devront être recouverts par le mandataire.
Cette manne devait financer la recherche de l’entreprise. « Notre cœur de métier, c’était de définir de nouveaux diagnostics en oncologie, nous avions plusieurs projets, un certain nombre basés sur l’IA, explique le syndicaliste. Et un projet était très bien avancé, il ne manquait que quelques études pour le lancer sur le marché, l’immunoscore. » Autant de recherches qui n’aboutiront pas, malgré les millions versés. « Tous les projets ont été arrêtés », regrette-t-il, amer.