Depuis deux ans, chaque jeudi, le collectif Procrastination transforme la ville en terrain de jeu électronique avec son événement hebdomadaire « Je dis Techno ».

Les billets s’achètent 15 euros sur l’application Shotgun et, pour les plus courageux, c’est parti pour une full night (1) de 22 heures à 5 heures.

Première escale: L’Antre

Point de départ de la soirée: L’Antre, niché rue Benoît Bunico dans le vieux Nice. Un lieu presque caché, brut, qui transpire la musique électronique.

Dès l’entrée, l’accueil donne le ton: billets scannés, tampon sur le bras pour les allers-retours, sourires aux lèvres. « L’accueil est très important. Si à l’entrée tu as un méchant, ça ne donne pas envie de revenir. La techno, c’est l’ouverture et le partage », insiste Stella Ramos, 24 ans, DJ connue sous le nom Insolente et coorganisatrice de l’évènement.

À l’intérieur, le décor surprend: forêt magique de champignons fluorescents suspendus, slogans politiques sur les murs, corde à linge garnie de soutiens-gorge et culottes multicolores. L’atmosphère est à la fois bricolée et travaillée, dans l’esprit underground.

Au fumoir, les conversations se mêlent à la fumée, chacun partage son histoire. Ludo, 28 ans, Corse, est venu avec sa meilleure amie. Ce soir, il n’est pas là par hasard: « Je vais devenir tonton pour la première fois. Je voulais marquer le coup. » Dans sa sacoche, un petit jouet floqué Noah, le prénom de son futur neveu.

Au sous-sol, la salle insonorisée laisse les DJs monter le volume sans retenue. Les basses font vibrer le sol, les verres frémissent sur le comptoir. Les regards se tournent vers la cabine: un duo de jeunes DJs lance le show. « Ici, tout le monde partage le même amour pour la techno », sourit Stella.

Parmi les fidèles, Lola (2), qui en est à sa « vingtième fois » à L’Antre. Ce soir, elle a emmené des amis venus d’Hambourg, habitués à la scène techno allemande. « Pas besoin d’alcool pour profiter. » Des clichés que Stella balaie également d’un revers de main: « On associe souvent la techno à quelque chose de sombre ou de lié à la drogue. »

Sur ce point, Baptiste (2), membre du staff, est lucide: « Oui, ça existe, mais c’est très compliqué à interdire. La sécurité n’a pas le droit de fouiller le public. »

Ce soir-là pourtant, l’ambiance reste bon enfant.

Deuxième round: le Kosma

À minuit, changement de décor. Le cortège quitte le Vieux-Nice pour le Kosma, piano-bar discret derrière les Galeries Lafayette, qui se transforme en club techno uniquement le jeudi pour le collectif Procrastination.

À l’intérieur, 150 personnes découvrent un lieu plus classique, habitué aux concerts de jazz live. « On le fait évoluer chaque semaine, Nous, on veut apporter notre patte dans le Sud: scénographie, direction artistique, costumes, talents émergents. », glisse Stella.

Les habitués de L’Antre s’y retrouvent, rejoints par des curieux qui passent devant et, happés par la musique, prennent un billet.

Dans la foule: un père de famille en polo Ralph Lauren, un étudiant en médecine avec chaîne et débardeur, des touristes et des Niçois.

Tous affichent le même sourire: « C’est une folie! »

1. Nuit entière.

2. Les prénoms ont été modifiés.