Normalement, on entre dans les palaces discretos pour passer aux toilettes. Cette fois-ci, on a dormi sur place, dans une suite du prestigieux Peninsula.

Le droit à la déconnexion ? Une religion pendant mes vacances. Mais une petite notif’ WhatsApp a ajouté un peu de chic à ma dernière semaine de congés. Une note vocale, même. Une note vocale qui me proposait de profiter du calme parisien du mois d’août pour une parenthèse de luxe : dîner à l’Oiseau Blanc, le restaurant deux étoiles du Peninsula. Et pour une fois, qui dort dîne vraiment, en en profitant ensuite pour dormir dans l’une des suites du palace parisien.

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Tote Bag

Passer la porte d’un palace, c’est une question de confiance en soi. Il suffit de se lancer. Si je n’ai définitivement pas les moyens de m’y offrir une chambre, j’adore, parfois, y boire un café. Parce que même pour un allongé, vous aurez droit au service qui va avec. C’est d’ailleurs probablement l’occasion la plus rentable. Mais cette fois-ci, me voilà, avec un petit tote-bag pas très avenue Kléber à check-in pour la nuit. Un accueil chaleureux et une petite empreinte sur la CB à faire suer le banquier plus tard, on me guide jusqu’à ma « suite ». 

« Hello MTV, welcome to my crib »

La porte de la suite ? Une double porte. Parce que ce soir, on dort dans la suite Katara. 185 m2. et le double de terrasse sur les toits du palace. Une fois qu’on m’a fait faire le tour de mon royaume pour les prochaines 24 heures, je fais le gamin. J’appelle évidemment les copains en visio, j’enfile les chaussons et je pars à la recherche de tous les détails qui font de ce lieu un lieu d’exception. Mais alors, c’est quoi le luxe XXL ? C’est un sèche-vernis à ongles construit dans le mur des dressings. C’est une petite carte qui donne les itinéraires de running autour de l’hôtel. C’est une corbeille de noix de celles dont on ne voudrait pas voir le prix. Genre des macadamias entières. Ce sont des compositions florales épiques. C’est l’impression que tout est à sa place. Je vous passe les détails technologiques à vivre la grande vie ; option toilettes japonaises, télé dans la salle de bain et lumières tamisées à régler sur des écrans d’iPad incrustés dans les murs.

Bien sûr, tout est grandiloquent, et pour autant, rien n’est vulgaire. C’est un peu comme si, le temps d’une parenthèse, on comprenait le lifestyle qui va avec. On se prend pour un personnage de Succession à passer des coups de fil sur les terrasses avec vue du sixième étage sur tout Paris. On se prend pour Pretty Woman, à se prendre les pieds dans le tapis en voulant aider le groom à installer le tea time sur la table où on pourrait manger à 12. Désolé pour le pourboire l’ami.

Tea time

Le tea time, justement, c’est celui imaginé par la cheffe pâtissière Anne Coruble en partenariat avec la maison Chaumet. Un tea time pensé autour du miel, pont entre les ruches installées sur les toits du palace et les bijoux alvéolés de la maison de joaillerie. C’est beau, et c’est audacieux. La palette de saveurs explorée par la pâtissière – dont on avait adoré la création de Pâques autour de l’ail noir – est pointue, jamais trop ronde. On revient, en quelques bouchées, dans un monde qu’on maîtrise mieux ; la proposition est loin d’être lisse, tout en étant jouissive et millimétrée. Nos coups de cœur ? La brioche muscovado / crème crue / miel de sarrasin et et la tarte au citron / givré miel d’arbousier.

L’Oiseau Blanc

Une sieste dans un lit plus king que king plus tard, il est temps de se préparer pour aller dîner à l’Oiseau Blanc, la table doublement étoilée de l’hôtel. Vous avez déjà forcément vu passer sa salle, avec sa vue périphérique sur Paris, Tour Eiffel en tête. Juste au-dessus de la verrière se cache un potager qu’on a la chance de parcourir rapidement avec la cheffe pâtissière Anne Coruble juste avant que le service ne démarre. On imagine beaucoup de choses dans les coulisses des palaces, mais rarement une collection d’aromates, de fruits et de ruches, jardin secret et extension poétique de la cuisine.

La carte du chef David Bizet est belle. Elle est évidemment luxueuse en produits, mais les assiettes ne hurlent pas. En une grosse demi-douzaine de services et virgules, on découvre cette cuisine d’excellence, qu’on attendait brillante et lisse, et qui nous offre avec plaisir quelques excursions osées. On pense à l’accord Macallan-thé vert pour chasser le salé, à la décadente assiette de tourteau ou au jus de viande et pêche du pigeonneau, points d’orgue des quelques heures d’un service cossu mais pas rigide.

Le hors-piste, c’est encore la cheffe pâtissière Anne Coruble qui s’en charge, avec un dessert rhubarbe confite où le radis s’invite avec ses notes de terre, chassant presque tout le sucre, pirouette aussi brillante que possiblement inaccessible à tous les palais. La Tour Eiffel s’illumine encore une fois, et après quelques mignardises, il est temps de jouer de quelques ascenseurs pour dormir à demeure.

No Brainer

La vie de palace, à ce niveau de standing et de service, est une danse millimétrée dont le client n’a même pas le temps d’apercevoir les pas. C’est d’ailleurs sans doute ce qui définit le plus le luxe, l’absence de souci et la prise en charge, sans s’en rendre compte, de tous nos besoins et envies. D’un clic sur une tablette, d’une pensée commune, d’un timing partagé, nos désirs à peine exprimés sont pris en charge. De la lumière qui se règle seule à la bonne luminosité à la salle de bain en cercle où chaque miroir se joue d’un autre et où douche et baignoire voient elles aussi la vie taille XXL, on se laisse glisser jusqu’à l’heure du sommeil sans avoir oublié de passer dire au revoir aux étoiles depuis l’immense terrasse, à se dire que le calme sur les toits de Paris va bercer nos songes. D’ailleurs, de l’été, c’est sans doute la nuit où j’ai le mieux dormi, même forcé de dire à mon corps de ne pas trop s’habituer frérot.

Partir pour revenir autrement

Passer 24 heures à ce niveau de luxe, c’est impossible. Et pour les gens pour qui ça l’est, ce n’est peut-être plus de l’ordre de l’exceptionnel. Mais du confort et du toujours plus, c’est le niveau d’exigence de chaque humain derrière l’expérience qu’on retiendra sur le long terme. Et cette excellence, elle est accessible à un autre niveau. Un tea-time, un dîner d’exception pour une grande occasion, un date autour d’un (ou deux quand même) café. De cette parenthèse derrière la porte dorée d’une suite, c’est peut-être les couloirs que je reverrais, parce que c’est eux qui m’ont donné envie de repasser la porte d’un palace, sans me sentir intrus.

Épilogue

Une semaine plus tard, l’empreinte de ma CB n’a pas été débitée, alors que je suis bien évidemment parti avec le gel douche et le papier à lettres.

The Peninsula Paris
19 avenue Kléber, Paris 16

L’Oiseau Blanc
19 avenue Kléber, Paris 16

Article rédigé dans le cadre d’une invitation par le Peninsula et l’agence Pascale Venot.