Le « Liberation Day » sera-t-il également le jour de l’indépendance économique des États-Unis ? L’espoir est caressé par Donald Trump en augmentant les droits de douane imposés à la majeure partie de ses partenaires commerciaux.
Entrée en vigueur le 7 août dernier, prévoyant un taux de 15 % sur les produits européens, la mesure est lourde de sens pour l’Hexagone : la première puissance mondiale n’est autre que son deuxième client.
Quatrième partenaire commercial de nos départements, les États-Unis représentent plus de 4 milliards d’euros d’exportations durant les quatre derniers trimestres. Avec près de 6% de nos échanges vers le pays de l’Oncle Sam, nos départements ont une dépendance mesurée mais certaine dans les produits transformés de l’industrie chimique, la métallurgie/mécanique mais également dans les domaines de la santé, la plasturgie et le numérique/électronique, qui « apparaissent également comme des secteurs d’activité structurants de l’export régional », détaille le Pôle intelligence économique et territoriale (IET) d’Auvergne-Rhône-Alpes dans son étude Scan Export.
Une balance commerciale positive
Contrairement à la balance commerciale nationale (-79,5 milliards € en 2024 selon l’Insee) et régionale (-5 milliards €), nos départements enregistrent un solde positif vers les États-Unis : + 2,6 milliards du deuxième trimestre 2024 au premier trimestre 2025. Malgré les interrogations des premiers mois, les échanges n’ont pas pâti des annonces trumpiennes. Nos départements consolident, au contraire, leur position en enregistrant un solde positif au premier trimestre 2025 de plus de 468,86 millions d’euros. De quoi réconforter les professionnels du secteur.
En trompe l’œil, le commerce extérieur au sein de nos départements se distingue par une grande hétérogénéité selon les territoires. En tête de peloton, la Drôme – avantageusement positionnée dans la vallée du Rhône – se démarque avec plus d’un tiers des flux et des exportations dix fois supérieures aux importations. Elle est talonnée par l’Isère, dopée par l’industrie chimique, électronique et pharmaceutique et sa proximité avec le pôle lyonnais.
Les chiffres département par département
Pour vous donner à voir les données brutes des échanges commerciaux de nos départements, Le Dauphiné vous propose une carte interactive (voir ci-dessous). Elle a été réalisée à partir des données les plus récentes de la Direction générale des douanes et droits indirects. Ces chiffres bruts couvrent les trois derniers trimestres de l’année 2024 et le premier trimestre 2025.
Pour chaque département, le montant des exportations et importations est indiqué pour la période concernée et pour le premier trimestre 2025. La part de la balance commerciale avec les États-Unis est rapportée à l’ensemble des échanges extérieures. Vous découvrirez également les trois principaux produits exportés vers l’Amérique
La chartreuse : le savoir-faire français s’exporte aux États-Unis
Basés à Entre-Deux-Guiers en Isère, les moines de la distillerie d’Aiguenoire produisent la liqueur à succès chartreuse. Ce succès s’est exporté aux États-Unis où la boisson a été popularisée par des célébrités de renom : Frank Zappa, Quentin Tarantino, Bruce Springsteen ou encore ZZ Top. « La chartreuse, la seule liqueur si bonne qu’elle a donné son nom à une couleur », s’exclame Tarantino dans son film Boulevard de la mort (2007).
La boisson s’arrache désormais à prix d’or outre-Atlantique. À tel point que les boutiques spécialisées sont dévalisées au moindre arrivage, créant des pénuries de stocks régulières depuis plus de deux ans. Et pour cause : depuis 2020, les ventes ont été multipliées par deux et représentent une part importante du chiffre d’affaires de la société Chartreuse Diffusion. En 2021, l’entreprise déclarait près de 9 millions d’euros d’exportation, soit 50% de ses revenus.