Face aux regards des nombreux organisateurs, de quelques troupes et même de passants curieux qui ont interrompu leurs occupations sur le bord de la route, la 18e édition du festival s’est officiellement ouverte.
Six coups de ciseaux ont scindé le ruban rouge et blanc à l’entrée de l’Auditorium Rainier-III, marquant l’ouverture du « village du festival » et le début des festivités.
Cet événement d’envergure internationale met à l’honneur, tous les quatre ans, les meilleurs amateurs du monde du théâtre en accueillant des troupes issues des quatre coins de la planète.
Depuis sa création en 1957 par le Studio de Monaco, sa réputation n’a cessé de grandir. Mais l’édition 2021, marquée par des difficultés liées à la pandémie du Covid-19, avait affecté son organisation. « Nous n’avions pas pu faire exactement ce que l’on voulait. Cette année, on redémarre parfaitement », s’enthousiasme Bernard Vanony, vice-président du Studio de Monaco.
« Depuis le début, c’est simplement l’histoire de passionnés de théâtre qui ont souhaité en rencontrer d’autres », précise-t-il.
Pas de concours, de classement, ni de prix à gagner. Il s’agit avant tout d’un moment de partage où Monaco sert de terre d’accueil.
Des amateurs au talent incontestable
Cette année, les représentations se produiront dans deux lieux. Le théâtre Princesse Grâce et celui des Variétés.
L’occasion de profiter gratuitement de spectacles de très haute qualité car « mis à part le fait qu’ils ne sont pas payés, ces artistes ont tout de professionnel. Le théâtre c’est toute leur vie », confirme Pierre Cellario, commissaire général adjoint et membre de la famille créatrice du festival il y a 68 ans.
« La sélection des troupes se fait à chaque fois avec l’appui de l’Association internationale du théâtre amateur. Elle nous aide à trouver les meilleurs amateurs de chaque pays. Par exemple, pour la France, nous choisissons souvent le vainqueur du Masque d’Or ou l’un de ses finalistes [récompense nationale décernée au meilleur spectacle amateur, NDLR]. Cela nous permet d’avoir les meilleurs acteurs, metteurs en scène et techniciens par pays. »
Dix-huit pays invités
Représentant chacune des troupes, la vingtaine de drapeaux soigneusement disposés de part et d’autre de l’entrée de l’Auditorium Rainier-III sont là pour le rappeler: la diversité culturelle est l’une des grandes forces du festival.
Et ce malgré la barrière de la langue. Si d’un premier abord, elle peut être perçue comme un frein, elle révèle en réalité la richesse que peut offrir le théâtre, juge Pierre Cellario. « La parole n’est qu’un moyen comme un autre pour réussir une représentation. Les troupes le savent et elles usent d’ingéniosité et d’originalité pour ne pas en dépendre. Certaines ne parlent pas du tout dans leur spectacle. La compréhension peut passer par des danses ou des gestes prononcés, par la musique, par l’usage de marionnettes… »
Il se remémore sans difficultés une pièce jouée « avec une langue complètement inventée mais où tout le monde avait compris l’histoire ». Pas de réticence, alors, à assister aux interprétations slovaques, centrafricaines, indonésiennes ou encore colombiennes, qui seront toutes présentes pour cette édition 2025.
Jouer, débriefer et apprendre
Les spectateurs ne seront pas les seuls à tirer profit de ces œuvres de prestige.
Les festivaliers pourront aussi capitaliser sur cette semaine très chargée, puisqu’elle ne se limite pas seulement à la diffusion du spectacle qu’ils préparent depuis un long moment. « Le Mondial du Théâtre repose sur trois piliers fondamentaux: la confrontation, l’échange et l’enseignement », reprend le commissaire général.
Ce qu’il appelle la « confrontation », c’est la mise en scène d’une troupe face aux 17 autres ainsi que le public.
Puis vient « l’échange », moments de débriefs organisés chaque lendemain de représentation où ceux qui étaient sur scène discutent avec ceux qui les ont observés depuis les sièges. « C’est particulièrement important, car ils vont pouvoir se donner des conseils. Ils sont tous très bons mais n’ont pas les mêmes compétences, les mêmes points de vue, et la même culture, ce qui les aide à s’améliorer. »
Et enfin « l’enseignement », une partie entièrement confectionnée par le Studio de Monaco qui prépare des ateliers aux amateurs pour se perfectionner. « L’un d’entre eux, cette année, sera de créer un spectacle à partir d’une œuvre d’art », dévoile-t-il.
Avec ces initiatives, « dire qu’ils sont transformés quand ils rentrent chez eux est peut-être exagéré, mais je vous assure qu’il y a un avant et après », conclut Pierre Cellario.
Programme complet sur: www.mondialdutheatre.mc