En raison de problèmes de santé, elle avait suspendu la location de son bien qui complétait sa petite retraite. Depuis l’automne 2023, les lieux étaient occupés par une famille dont l’expulsion avait été suspendue en raison de sa vulnérabilité.

Le parcours du combattant s’est terminé le 29 juillet. À Nantes, l’appartement squatté d’une propriétaire de 79 ans a été libéré après presque deux ans d’occupation. «Ça a été stressant. Ça se finit plutôt bien», a réagi sa fille, jointe par téléphone. C’est elle qui a accompagné sa mère dans cette épreuve. Si le soulagement de retrouver le logement situé quartier Dalby est bien réel, les procédures ont été laborieuses.

La propriétaire qui avait hérité d’un bien de son père louait ce logement pour compléter sa petite retraite. Victime de problèmes de santé, elle avait dû suspendre momentanément la location. À l’automne 2023, une famille avait alors occupé l’appartement vacant. Une décision d’expulsion avait été suspendue en raison de la vulnérabilité des occupants, un couple de Guinéens parents d’enfants de 1 et 2 ans.


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Changer les serrures, aller aux encombrants…

Fin juillet, la préfecture de Loire-Atlantique a prévenu la famille propriétaire qu’elle allait pouvoir récupérer son logement. «À la suite d’une médiation engagée par la préfecture avec le conseil des intéressés, les occupants illicites du logement de Mme M. ont quitté les lieux le 29 juillet dernier et sont hébergés à titre temporaire dans un hôtel», confirment au Figaro les services préfectoraux.

L’état dans lequel l’appartement a été restitué n’est pas glorieux. «Ce n’était pas tagué ou cassé, mais c’était très dégradé. Il y avait beaucoup de déchets», indique la fille de la propriétaire, qui a dû se rendre aux encombrants. Elle estime à au moins 6000 euros la remise en état de l’intérieur. Changer les serrures, repeindre les murs, revoir le système d’installation de l’électricité… La liste est longue, et les artisans sont difficiles à trouver en cette période estivale. Parmi les autres anomalies constatées, un chauffe-eau électrique a été posé près de la chaudière à gaz. «Un radiateur détaché était à la limite de brûler. Une voisine était reliée à l’électricité par la fenêtre», ajoute encore la fille de la propriétaire, qui s’est inquiétée pendant deux ans de la sécurité de l’immeuble.

Au moment de découvrir les dommages aux côtés d’un commissaire de justice, elle a croisé de manière imprévue les occupants qui n’avaient pas encore fini de déménager. «Je ne souhaite à personne de vivre cette situation. Se retrouver confronté à une famille en difficulté, et en même temps être dans son droit…», témoigne-t-elle, après avoir observé que la mère était enceinte. «C’est difficile pour tout le monde : pour les occupants, pour la propriétaire, pour les voisins, pour la préfecture, pour l’ambiance dans le quartier.»

C’est l’action médiatique et politique qui a permis de récupérer l’appartement

La fille de la propriétaire de l’appartement

Si la situation a pu être résolue, c’est notamment grâce au soutien du conseiller municipal de droite Foulques Chombart de Lauwe. C’est d’ailleurs lui qui a annoncé dans un communiqué la résolution de cette affaire. La présidente de la région Pays de la Loire Christelle Morançais (Horizons) s’est également mobilisée, ainsi que les députés Karim Benbrahim (PS) et Sophie Errante (sans étiquette), qui ont écrit à la préfecture. «Finalement, c’est l’action médiatique et politique qui a permis de récupérer l’appartement», résume notre interlocutrice, à propos d’une situation qui n’aurait jamais dû arriver. Et qu’elle redoute de voir se reproduire. Le soir de la récupération des lieux, des inconnus surveillaient l’immeuble et l’ont interrogée pour savoir si l’appartement était libre.

Gasprom-ASTI, qui œuvre localement aux côtés des personnes migrantes ou immigrées, a été cité comme soutien des squatteurs au moment de la médiatisation de l’affaire. Dans un communiqué début juin, l’association nantaise qui agit pour l’accueil, l’accès aux droits et l’intégration des personnes migrantes, a fait savoir qu’elle n’avait «pas organisé une quelconque occupation illégale d’un appartement de particuliers». Elle a toutefois reconnu soutenir la famille «dans diverses démarches administratives». De son côté, dans son communiqué, Foulques Chombart de Lauwe, candidat à la primaire de la droite aux municipales nantaises, n’a pas hésité à en remettre une couche. «La mairie a refusé de reconnaître l’injustice subie, allant jusqu’à dénoncer une supposée “instrumentalisation” en conseil municipal. Pire, elle a maintenu la subvention municipale à l’association Gasprom, soutien des squatteurs», a-t-il tancé, taclant aussi le silence de la municipalité, qui a renvoyé la propriétaire vers la Maison de la Justice et du Droit.