Aux aurores, le quai près du pont de l’Alma est morose. Pas pour longtemps. Des marées d’enfants se déversent des flancs de bus à peine stationnés. En l’espace d’un instant, les bords de Seine fourmillent de visages frais, colorés par l’air matinal. «Vous pensez qu’on va voir qui en concert ?» «Gims !», «Jul !» Les mots fusent, brisent le silence. Air hagard, yeux bouffis et regard pétillant. L’épopée en bus fut longue. «On est partis à 20 heures hier soir», rigole un accompagnant jovial, visage rubicond, fendu d’un grand sourire. Dormir ? «Ça a été compliqué au départ, puis c’est venu.» De toute façon, les enfants n’y pensent plus. Aujourd’hui, c’est les vacances, le temps d’une journée. «On va danser, chanter, faire du sport…» énumère doctement Samantha, 9 ans, sac à dos rose pailleté. «Et… après je m’en souviens plus.» C’est normal, la journée est dense, une sorte d’échantillon de vacances en quelques heures dans la capitale. «Il va y avoir