Les plus de 1200 fidèles de l’OM présents dans le parcage visiteurs du Roazhon Park, vendredi soir à Rennes, étaient particulièrement enthousiastes avant la rencontre. Depuis trois jours, c’est la douche glaciale.
/ Photo Frédéric SPEICH
C’est la sidération du côté des amoureux de l’OM, qui ne pensaient pas vivre un tel épisode cauchemardesque cet été après avoir nourri tant d’espoirs ces dernières semaines. La plupart croyaient pourtant en la continuité et la stabilité officiellement prônées par l’état-major olympien. Ils tombent donc de très haut. Fidèle parmi les fidèles, présent au Roazhon Park vendredi, Jérémy avait par exemple déjà acheté les trois maillots d’Adrien Rabiot. « Domicile, extérieur et coupe d’Europe, tous floqués à son nom, avec le numéro 25. » Il n’est pas le seul (lire aussi ci-dessous). « J’avais déjà le bleu et le orange la saison dernière, poursuit-il. Voir ce grand joueur à Marseille était inattendu. Que Rowe dégage ne me pose aucun problème. Mais on ne trouvera jamais l’équivalent de Rabiot au milieu. Benatia, Longoria et De Zerbi veulent le faire partir, OK, mais attention… Soit ils ramènent un joueur du même niveau, ou meilleur, soit ils vont prendre la foudre des supporters ! »
« On ne saura jamais le fin mot de l’histoire »
L’écœurement est général depuis mardi. « En trois jours, la direction a dégoûté la grande majorité d’entre nous. Samedi (contre le Paris FC, à 17h), je vais aller au stade les mains dans les poches », soupire Pierre, autre habitué du Vélodrome. « On a subi un coup de massue à Rennes et maintenant, on se croirait dans une série Netflix, souffle Abdoul, qui a avalé des dizaines de milliers de kilomètres de car depuis qu’il consacre une partie de sa vie à son club fétiche. Ils sont en train de se mettre dans une situation… Si on se retrouve à faire un mauvais début de saison et qu’on se prend des gros calibres en Ligue des champions, ça va être compliqué ensuite. »
Thierry Audibert, lui, est un peu plus mesuré. « On ne sait pas de quel côté se trouve la vérité. Je me dis qu’il y a peut-être du mensonge et de la manipulation dans les deux camps et que maintenant, chacun fait en fonction de ses intérêts. Je peux comprendre que pour De Zerbi, ce soit compliqué de garder Rabiot vis-à-vis du reste du groupe s’il a vraiment dépassé les limites. On peut tout imaginer, mais je suis très perplexe, on ne saura jamais le fin mot de l’histoire. C’est tout l’OM… Il faut l’accepter. Je vois des supporters passionnés qui ont envie de rendre leur carte d’abonné ou de la vendre. Mais je leur dis que ça a toujours été comme ça. Marcel Leclerc a quand même viré Lucien Leduc en 1971-72 alors que l’équipe n’avait pas perdu un match. On s’est déjà couvert de ridicule par le passé… »
« Pour qui passons-nous ? »
Le passé olympien, justement, Thierry Grosso, président de « l’association Mario Zatelli » le connaît lui aussi sur le bout des doigts. « Si personne ne nous oblige à effectuer des investissements importants pour soutenir le club de notre vie, en revanche, il serait bien que les dirigeants de l’institution olympienne se mettent un instant à notre place, nous dirigeants d’entreprises qui voyageons sans cesse à l’international et rencontrons d’autres dirigeants d’entreprises avec lesquels nous échangeons parfois sur notre passion commune : le football. Pour qui passons-nous ? Nous qui nous sommes construits dans le stade Vélodrome avec nos parents, nos grands-parents, sur des bases empreintes de respect et de probité intellectuelle. Comment expliquer à nos petits-enfants que nos dirigeants bafouent chaque jour un peu plus notre héritage culturel et nos valeurs humaines ? »
« Je suis stupéfait, enchaîne Laurent. Encore une fois, on est la risée de la France. Mettre Rabiot sur la liste des transferts dépasse l’entendement. Beaucoup de supporters vont en vouloir à la direction et à De Zerbi d’être incapable de gérer le problème plus intelligemment. Personnellement, je pense que la saison est plombée. »
Autre fidèle du Vel’ depuis plus de vingt ans, Fred a, lui, une analyse ciblée sur la gestion humaine de l’entraîneur. « Tu ne peux pas reprocher aux joueurs d’être dans l’excès et réagir de cette manière en cas de défaite quand tu bases tous tes discours sur les « cojones », le « chi siamo », etc… Tu pousses les mecs à bout au niveau de la nervosité. Derrière, tu perds, tu as des joueurs qui ont un comportement excessif, mais c’est le revers de ton discours, de la manière dont tu construis ton speech de motivation. C’est la limite du coaching de De Zerbi. »
Le mot de la fin pour Omar, désespéré : « C’est un gâchis monumental. Nous étions tous contents de la saison dernière, du mercato d’été, de tout ce qui avait été fait. Là, au lieu de régler l’affaire en interne et en privé, on met tout sur la place publique. Matthaüs et Lizarazu se sont mis des taquets au Bayern Munich, ni l’un ni l’autre n’ont été virés… »