Volontiers taquins, nous avons demandé à Yves Bailly, président d’Épinal, si la première chose qu’il faisait en se levant était de consulter son téléphone. Pour s’informer des dernières avancées du dossier “Esteban Lepaul”. « La nuit, mon téléphone est dans la salle de bains. Mais en général, la première chose que je fais, c’est de consulter mes “pop-ups”, surtout concernant le travail (il est PDG de Norske Skog à Golbey). » Ces temps-ci, ils ne sont pas que professionnels. « Oui, je reçois des messages ou des articles concernant Esteban (Lepaul). J’ai été appelé aussi par le journal L’Équipe. Et je lis des trucs », concède sans ambages l’intéressé.
Depuis sa demi-saison flamboyante en National avec Épinal (12 buts en 16 matchs) et son départ vers Angers en janvier 2024, Esteban Lepaul gravit les marches une par une. Avec toujours cette ténacité, cette culture du travail, cette résilience, et, surtout, ce talent de finisseur devant le but. Prolongé jusqu’en 2028 et revalorisé au début de l‘été après avoir inscrit 13 buts (dont 9 en Ligue 1), « Esté » a encore envoyé des signaux positifs avec trois buts en préparation cet été et un autre (celui de la victoire 1-0) face au Paris FC en ouverture de la Ligue 1.
Une première offre de Rennes refusée
À 25 ans, il est devenu une cible pour des clubs plus huppés. D’où l’offensive de Rennes, qui a fait une offre de 10 M€ pour Lepaul, refusée par Angers, qui en exigerait 15 de plus. Si les Bretons explorent d’autres pistes, les tractations se poursuivent. Un accord serait déjà trouvé entre Rennes et Esteban Lepaul (contrat de quatre ans). Jusqu’à quel seuil Angers va-t-il pouvoir résister ?
Le SCO subit de plein fouet, comme ses camarades, la crise des droits TV. Son budget est passé de 37 à 25 M€, avec une masse salariale amputée de 30 à 40 % et un déficit d’exploitation à éponger. Un accord entre 15 et 18 M€ (avec ou sans bonus selon les formules) pourrait faire pencher la balance selon les observateurs les plus avertis.
« C’est un mec fondamental pour nous. Sportivement je n’ai pas envie qu’il parte. Mais sur le plan financier, je ne serais pas dans mon rôle si je disais qu’il ne faut pas le vendre. On en discute, tout est ouvert », confiait ce mercredi, Alexandre Dujeux, le coach angevin.
À Épinal, on scrute ce dossier. Et pour cause ! Lors des négociations de janvier 2024, le board spinalien avait obtenu une clause d’intéressement (10 %) sur la plus-value en cas de transfert. Simple rappel des faits, à l’époque le SAS était enclin à céder Esteban Lepaul au FC Metz , pour 150 000 €, avec un prêt à Épinal jusqu’au terme de la saison de National. Mais la préférence du joueur allait à Angers. « Il a fait le bon choix, in fine. Je suis sincèrement content pour Esteban et, quelque part, fier de sa réussite. Si tout le mérite lui en revient, on lui a permis de rebondir », ajoute, beau joueur, Yves Bailly.
Entre 1 et 2 M€ de retombées pour Épinal ?
Sur un transfert sec en Anjou, au même tarif et sans prêt, Épinal avait eu gain de cause sur cet intéressement. Une forme de pari sur l’avenir. « Oui, c’était un pari à l’époque. Mais on connaissait les qualités d’Esteban, son sérieux et son côté bosseur. Un vrai pro. »
Un transfert de 15 M€ ou plus représenterait des retombées de 1,5 M€ (moins les 150 000 € du transfert de janvier 2024), ou plus donc, pour Épinal. Soit un à deux budget actuel (1,1 M€) et quelques années de sérénité. « On est toujours en train de digérer la relégation du National car on a gardé une équipe coûteuse la saison dernière », ajoute Yves Bailly.
Le coach spinalien, Nicolas Rabuel, qui n’a pas eu Esteban Lepaul sous ses ordres , est un autre observateur attentif. « Un tel transfert serait bien pour Épinal. Ça ferait un joli pactole à bien utiliser pour structurer le club, créer de la richesse et une source de revenu. » À cette heure, tout ceci reste hypothétique. La réponse définitive tombera d’ici le lundi 1 er septembre à 20 h. Date et heure de clôture du mercato.