Deux pêcheurs taquinent le poisson sur un lac bucolique, sans succès. « J’vois pas pourquoi on s’acharne : ce lac, il est maudit. On n’aurait jamais dû laisser tout ça là-dessous », lance l’un. Mais qui y a-t-il dans les profondeurs, justement ? Des bidons dont l’un se détache avec le courant. Changement de plan : une blessée au visage ensanglanté gît sur un brancard poussé à vive allure dans le couloir d’un hôpital. « Femme 35 ans, blessée par balle. Trauma facial », entend-on. Ainsi démarre « Surface », la nouvelle série de France Télévisions, mise en ligne dans son intégralité en avant-première sur le site france.tv dès ce jeudi 21 août avant sa diffusion sur France 2 à partir du lundi 1er septembre à 21h10.
La jeune femme du brancard, défigurée en intervention, c’est Noémie Chastain, incarnée par Laura Smet… que l’on retrouve ensuite dans la petite gare d’Avalone, en Occitanie. On ne la voit que de profil mais le regard du lieutenant local, Romain, qui l’accueille se fige soudain : « Vous finirez par vous habituer », lui lance la capitaine de police parisienne affectée dans ce commissariat de l’Aveyron pour évaluer la possibilité de le fermer. Pas franchement ravie de cette convalescence forcée, elle parle peu mais l’on devine son traumatisme en découvrant les cicatrices qui lui mangent le visage, son penchant pour les soirées arrosées et sa peur des armes.
La quiétude du bourg où elle a été mise au placard est bouleversée par la découverte d’un crâne et le squelette d’un enfant dans le fût surgi du lac où repose l’ancien village, submergé 23 ans auparavant après la construction d’un barrage. Au même moment, trois gamins s’étaient volatilisés. Sale affaire pour la capitaine et sa nouvelle équipe dont Romain le camarade des petits disparus et fils de Madame la maire, Milk le novice, Nadège la surdouée, Didier le lourdaud. D’autres bidons avec leur contenu macabre sont retrouvés. Les soupçons se multiplient… La pression monte.
Une adaptation qui prend des libertés scénaristiques
Et c’est là la réussite de ce thriller adapté du roman éponyme d’Olivier Norek : sonder la psychologie des protagonistes, tous abîmés depuis deux décennies, le fermier déchiré et sa femme malade, le père agressif qui ne s’est pas remis, le copain rongé par la culpabilité d’avoir survécu… Et cette flic dont les souvenirs d’un autre traumatisme bien plus lointain remontent eux aussi à la surface. Seul le duo de frères plongeurs de la fluviale, chargés de sonder les eaux, apporte un peu de lumière grâce à l’humour de l’un, Hugo, incarné par Tomer Sisley.
Laura Smet incarne la capitaine de police parisienne Noémie Chastain. FTV/Quad Drama/Christophe Brachet
Les six épisodes prennent leur temps. On y est saisi par les silences, la douleur, les plans serrés ou aériens, les effets des scènes sous-marines dans les ruines du village englouti reconstituées. Les fidèles d’Olivier Norek, les puristes, n’y retrouveront pas tous les ingrédients de son polar : cette création s’en détache en prenant parfois des libertés scénaristiques (ici le maire est une femme, le lac n’est pas vidé, l’héroïne souffre à plusieurs titres…), en accentuant l’intensité dramatique.
Il n’empêche. Juste, Laura Smet brille au-delà de son regard de feu sous ses airs sombres en déployant une palette d’émotions alors que son personnage se reconstruit, évacue sa colère, tisse des liens au fil de son séjour et de l’avancée de l’enquête. Elle est entourée par Tomer Sisley et une foule de talents à découvrir dans cette intrigue à tiroirs, dense et prenante.
La note de la rédaction :« Surface »,
série policière française de Slimane- Baptiste Berhoun, d’après le roman d’Olivier Norek (2024) avec Laura Smet, Tomer Sisley, Théo Costa-Marini, Florence Muller, Otis Ngoi, Quentin Laclotte Parmentier, Pauline Serieys… 6 épisodes (6 x 52 min).