En France, le moustique tigre est présent dans 81 départements sur 96. © Adobe Stock
Il n’aura fallu qu’un été pour que la France réalise ce que les scientifiques annonçaient depuis des années : les arboviroses, ces maladies virales transmises par les moustiques, ne sont plus cantonnées aux tropiques. Elles sont chez nous, et elles s’installent.
La saison 2025 en métropole marque un record. Le chikungunya explose avec plus de 150 cas locaux, tandis que la dengue poursuit son avancée discrète. Et pour la première fois, le virus du Nil occidental touche des habitants d’Île-de-France. Le constat est posé, les chiffres sont clairs, et les enjeux sont de taille. Il ne s’agit plus d’un phénomène importé, mais d’un phénomène bientôt enraciné.
La France prise d’assaut par des virus tropicaux Chikungunya : un été tristement record
Au 19 août 2025, Santé publique France a confirmé 154 cas autochtones de chikungunya, répartis dans 34 foyers distincts. Il s’agit du plus haut niveau jamais enregistré dans l’Hexagone. Ce virus, qui provoque une forte fièvre, des douleurs articulaires intenses et une fatigue prolongée, s’est diffusé bien au-delà de son territoire habituel.
Si les régions traditionnellement exposées comme PACA, Occitanie et la Corse restent en première ligne, des cas sont aussi apparus dans des zones plus inattendues : Grand Est, Nouvelle-Aquitaine, Bourgogne-Franche-Comté. Une expansion géographique inquiétante, qui illustre la capacité du moustique tigre à coloniser de nouveaux territoires y compris dans des zones tempérées.
Ce phénomène s’explique en partie par l’épidémie majeure survenue à La Réunion au printemps 2025, avec plus de 22 000 cas recensés. De nombreux voyageurs ont rapporté le virus en métropole, où le moustique tigre, déjà bien implanté, a pu rapidement prendre le relais de la transmission.
Dengue : une progression plus modérée mais constante
En 2025, la dengue ne fait pas de flambée spectaculaire, mais confirme sa présence durable sur le territoire métropolitain. Santé publique France recense 13 cas autochtones, répartis sur 7 foyers distincts.
La maladie, souvent confondue avec une forte grippe, peut provoquer des douleurs musculaires, de la fièvre et une grande fatigue. Si la majorité des cas sont bénins, des formes sévères, dites hémorragiques, peuvent survenir, notamment lors d’infections successives.
En 2024, on comptait déjà 83 cas autochtones. Cela montre que la dengue ne régresse pas, et que les conditions de transmission se renforcent chaque année, à mesure que le moustique tigre poursuit sa progression.
Virus du Nil occidental : un virus discret mais inquiétant
Moins connu du grand public, le virus du Nil occidental mérite pourtant une vigilance particulière. Transmis par des moustiques “classiques” du type Culex, il est capable de provoquer des formes neurologiques sévères, comme des méningites ou des encéphalites.
En 2025, 13 cas autochtones ont été identifiés dans six départements, et pour la première fois, en Île-de-France. Cette progression vers le nord est une alerte claire pour les autorités sanitaires. D’autant que dans 80 % des cas, l’infection passe inaperçue, ce qui rend sa détection plus complexe.
Même si les formes graves sont rares (environ 1 % des cas), le risque est réel chez les personnes âgées ou immunodéprimées.
Virus tropicaux : les symptômes à connaître
Les maladies transmises par les moustiques ne doivent pas être prises à la légère, même si leurs symptômes peuvent, dans un premier temps, ressembler à une grippe.
Chikungunya :
- Apparition soudaine d’une fièvre élevée
- Douleurs articulaires intenses, souvent invalidantes
- Fatigue persistante
- Attention : les douleurs peuvent durer plusieurs semaines, voire plusieurs mois, même après la disparition du virus.
Dengue :
- Fièvre forte, souvent accompagnée de courbatures et de maux de tête
- Possibles nausées ou inconfort digestif
- Dans certains cas, la maladie peut évoluer vers une forme hémorragique, nécessitant une hospitalisation rapide.
Virus du Nil occidental :
- Dans 8 cas sur 10 : aucun symptôme
- Parfois : fièvre modérée, fatigue, douleurs diffuses
- Chez les personnes fragiles, le virus peut entraîner des complications neurologiques graves : méningite, encéphalite, voire paralysie.
Ces signaux d’alerte sont parfois discrets. Pourtant, en plein été, si vous présentez une fièvre brutale, des douleurs inhabituelles ou une fatigue anormale, surtout après une piqûre de moustique ou un séjour en zone infestée, il est essentiel de consulter un professionnel de santé sans attendre.
Pourquoi ces virus progressent-ils si vite ? Le climat, principal moteur de l’expansion
Le lien entre climat et moustiques n’est plus à démontrer. Des étés plus longs, des pluies plus irrégulières, et des hivers plus doux favorisent la prolifération des moustiques vecteurs comme Aedes albopictus (le moustique tigre) et Culex pipiens, vecteur du virus du Nil occidental.
D’après l’ECDC (Centre européen de prévention et de contrôle des maladies), le moustique tigre est désormais implanté dans 16 pays européens, contre seulement 8 en 2013. En France, il est présent dans 81 départements sur 96 en 2025 selon Santé Publique France.
La mondialisation, un facteur aggravant
Les déplacements internationaux, le tourisme et le commerce favorisent l’importation de virus tropicaux. Il suffit qu’un voyageur infecté arrive dans une zone où le moustique est présent pour que la transmission locale commence.
Prévention : les bons gestes à adopter dès maintenant
La lutte contre ces virus repose avant tout sur la prévention. Et la première étape, c’est de casser le cycle de reproduction du moustique.
Chez soi :
- Videz régulièrement les coupelles sous les pots de fleurs
- Couvrez les récupérateurs d’eau
- Nettoyez les gouttières
- Éliminez tout petit récipient pouvant contenir de l’eau stagnante
À l’extérieur :
- Portez des vêtements longs et clairs
- Utilisez des répulsifs efficaces (DEET, IR3535)
- Installez des moustiquaires aux fenêtres et autour des lits
En cas de symptômes :
- Consultez rapidement votre médecin
- Évitez d’être piqué pour ne pas favoriser la transmission (isolement, répulsif, moustiquaire)
Et les vaccins, où en est-on ?
Côté chikungunya, un vaccin nommé IXCHIQ® est autorisé par l’EMA depuis 2023, mais son usage reste limité, notamment en raison d’une absence de recommandation pour les plus de 65 ans à ce stade. Pour la dengue, le vaccin Qdenga® est disponible en France, mais uniquement pour les personnes ayant déjà contracté la maladie, pour éviter les formes graves.
Pour le virus du Nil occidental, aucun vaccin n’est disponible à ce jour pour les humains, seule la prévention vectorielle est efficace.
À SAVOIR
D’après l’ECDC, l’été 2025 connaît une progression record du virus du Nil occidental. Ce dernier a causé 335 cas et 19 décès dans huit pays, principalement en Italie. Le moustique tigre est désormais implanté dans 16 pays européens.
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