Cette année, les médiateurs sont embauchés directement par la Ville de Grenoble qui veut pérenniser cette démarche, budgétée à 143 000 euros, pour cinq mois de présence sur le terrain.
>Maillot vert, casquette assortie, floqués « médiation sociale » et « Ville de Grenoble ». Six médiateurs arpentent les parcs grenoblois depuis deux mois, épaulés par un coordinateur. Ils ont pour mission de dialoguer avec les habitants, désamorcer les conflits. « On manquait d’humains pour réguler les mésusages », explique Norbert Cariou, directeur de la prévention et de la gestion des risques de la Ville. Par binôme, les médiateurs sociaux ont un secteur attribué, fixe, ce qui leur permet d’être identifiés, reconnus. « Leur présence fait diminuer la tension », estime Maud Tavel, adjointe à la tranquillité publique.
Une formation d’un mois
Les médiateurs sensibilisent les habitants qui consomment de l’alcool dans l’espace public, écoutent de la musique trop fort dans les parcs. Ils ont déjà passé plus de 650 heures dehors. D’ailleurs, c’est ce qui a attiré Lorianne : « Je travaillais dans le social, je voulais être sur le terrain. » Florian, lui, apprécie « travailler avec différents publics ». La Ville avait installé la médiation sociale en 2022, uniquement à la piscine Jean-Bron. Elle l’a ensuite étendue aux parcs et jardins en 2023 et 2024, en faisant appel à un prestataire externe. Cette année, les médiateurs sont directement recrutés par la Ville, qui a reçu une quarantaine de candidatures. « Nous sommes maîtres de notre recrutement et de la formation. C’est ça qui pouvait pécher très rapidement », assure Norbert Cariou. Ainsi, les médiateurs ont été formés pendant un mois, avec France Médiation, pour apprendre la déontologie, la posture à avoir, connaître les partenaires… Ils ont aussi eu des conseils pour réagir en cas de différends. Pour l’instant, la gestion des conflits représente 10 % des interventions. « Il y a une certaine intensité, admet Mathias Roussel, coordinateur. Il faut gérer ses émotions de manière sereine. » Il n’y a pas eu de violence sur les médiateurs, rassure le service, et ils n’ont pas eu besoin d’appeler les forces de l’ordre. Car c’est bien l’un des points centraux de ce dispositif : les médiateurs n’ont pas de pouvoir coercitif.
Complémentaires de la police
« Une des limites de la méditation, c’est que les gens ne sont pas obligés de nous parler », souligne Mathias Roussel. Les policiers municipaux sont alors « complémentaires », affirme Maud Tavel : « Ils n’ont pas le même rôle. (Avec 114 policiers municipaux à Grenoble, NDLR) Nous considérons que l’effectif est adapté à la ville. » Les médiateurs n’ont pas pour mission, par exemple, d’aller au contact des points de deal. Si, cet été, les agents sont surtout dans les parcs, de 16 h 30 à 23 h 30, à la rentrée, ils seront davantage à la sortie des établissements scolaires. Ils seront présents à Grenoble jusqu’au 15 novembre. Ce dispositif coûte 143 000 euros à la Ville.