Le FC Rouen dispute ce vendredi 22 août son troisième match de suite à domicile à huis clos. Cela a des conséquences financières, mais aussi sportives, jugent les acteurs du jeu.
Après la réception du Paris 13 Atletico (2-2, le 9 mai dernier) et du FC Fleury (0-0, le 8 août), le FC Rouen va jouer pour la troisième fois de suite un match à domicile sans aucun spectateur, ce vendredi 22 août, à l’occasion de la réception du FC Sochaux-Montbéliard. La faute à une sanction suite au match disputé contre le voisin quevillais, le 18 avril dernier, lors duquel un arbitre avait notamment été touché par un projectile lancé de la tribune Lenoble, réservée aux supporters rouennais, malgré la position de club visiteurs du FCR ce soir-là.
Le FC Rouen avait donc été sanctionné de trois matches à huis clos. Le dernier sera purgé ce vendredi soir. Mais le FCR est malheureusement un habitué. La saison dernière, outre le match contre Paris, les Diables Rouges avaient déjà évolué sans public contre Nancy (2-2) et Concarneau (4-3). Quatre matches en un an, bientôt cinq, et trois qui n’ont donc pas été gagnés par le FCR.
« 20% d’influence »
Y aurait-il un lien entre les performances du club et le manque de public ? À en croire les acteurs du jeu, oui. Valentin Fuss, attaquant arrivé cet été à Rouen et qui a joué 25 minutes sans public contre Fleury, estime que « ce sont des conditions particulières ». « Il faut savoir jouer avec, même si ce n’est pas le top pour nous. » Lui avait regardé sur Internet des images de l’ambiance du stade Diochon, « contre Quevilly, sourit-il. Des images très belles, une ambiance exceptionnelle. On m’en a beaucoup parlé, surtout avant que je signe. » Selon lui, l’absence de public peut jouer « dans des fins de matches, quand il y a 0-0 ou 1-1, si les supporters poussent, c’est un plus. » Typiquement, l’exemple du match contre Fleury, quand il a joué une petite demi-heure : « Le douzième homme aurait pu nous faire prendre ces trois points, c’est indéniable. »
L’entraîneur, Régis Brouard, ne dit pas autre chose : « Contre Fleury, les 15 ou 20 dernières minutes, on a pris le dessus sur l’aspect athlétique. Avec le public, on aurait un peu plus poussé. Même si parfois, cela peut nous désorganiser, mais cela met la pression sur l’adversaire, sur les situations arrêtées, sur les centres, cela nous aide. Je suis persuadé qu’on aurait pu… dû gagner ce match. Cela pousse l’équipe dans les moments difficiles, on est plus concentrés, par le jugement du public. » Selon lui, 20% d’un match environ peut se jouer avec le public. « Rien que quand vous arrivez au stade : il n’y a personne, c’est mort… » Brouard l’avoue volontiers, il se nourrit aussi de l’ambiance : « j’ai besoin de cette adrénaline, je suis en manque. Il y a une forme d’énergie que je peux amener à mon équipe. C’est pénible. »
Sans parler des consignes données aux joueurs, qui sont potentiellement épiées par le staff adverse, ce qui ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. « Je peux vous assurer que cela me traverse l’esprit, en sourit le coach rouennais, « mais qu’est-ce ce que vous voulez faire… »
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« On vend un projet avec du public »Il n’y a pas que le volet sportif qui est impacté. « Quand on vend le projet de Rouen, on vend souvent la ferveur du public« , détaille l’entraîneur. « Tous les quinze jours, vous allez jouer devant 4 à 6.000 personnes. » Les recrues ne verront ainsi du public à Diochon que le 6 septembre prochain, contre Châteauroux. Tout comme le public, privé de son équipe : « Les joueurs m’en parlent, détaille Brouard, mais aussi les gens que je peux croiser dans la rue. Ils ne peuvent pas venir au stade. Ils ne peuvent pas venir passer une soirée avec nous. C’est pénible. »
« J’en veux à la personne qui a fait ça et aux sanctions trop sévères. Quatre matches à huis clos pour un club de National, cela fait beaucoup. On parle beaucoup des soucis financiers du football en France. Là, vous enlevez une recette au club, importante pour la structure, le développement. C’est navrant. » ICI Normandie évalue à 30 à 40.000 euros la perte financière pour chaque match à domicile à huis clos à Rouen. Ce sujet embête aussi beaucoup la direction du club, qui espère très vite retrouver les supporters lors du match contre Châteauroux, mais surtout, ne plus avoir ce genre de problèmes.
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