On est au 72 bis rue des Menuts, dans le quartier Saint-Michel. Installé sur une chaise avec un siège rabattable, comme on en trouvait dans les cinémas des années 1950, entre un projecteur 16 millimètres et un Scopitone : un jukebox sur lequel on pouvait voir des petits films musicaux dans les années 1960. De l’autre côté de la porte d’entrée, on voit un couple s’approcher, intrigué par l’enseigne lumineuse à l’extérieur, qui affiche « Minikino, cinéma de poche », et par les flyers évoquant des images de films.
« Ça suffit parfois pour que des gens viennent à une projection », sourit Bertrand Grimault, directeur artistique de ce lieu à part, qui présente des films à part, du jeudi au dimanche, jusqu’au 21 septembre. « On nous avait dit que ce projet ne marcherait pas si on le lançait pendant l’été, mais on a tout le temps du monde : des habitants du quartier, des touristes, des gens de passage… »
Le scopitone à l’entrée du local : un jukebox sur lequel on pouvait voir des petits films musicaux, précurseurs des clips d’aujourd’hui, dans les années 1960.
Ch. L.
Le Minikino a été lancé dans ce local laissé disponible par l’association La Troisième porte à gauche. L’association de Bertrand Grimault, Monoquini, y programme depuis le 10 juillet. Basée à Bordeaux depuis 2009, elle est notamment connue pour avoir organisé des séances à l’Utopia ou dans des lieux associatifs (Château Pallettes, Espace 29…) ou pour avoir proposé des projections dans le cadre de grandes expositions du CAPC. Fil rouge : un goût pour les films rares, le cinéma de genre, les séries Z, le cinéma expérimental, les réalisateurs et les acteurs-trices cultes ou oubliés et les productions issues de pays en dehors des gros circuits : Yougoslavie, Finlande…
L’exposition permanente consacrée à Maria Montez, reine du Technicolor dans les années 1940.
Ch. L.
Une salle d’accueil aux airs de mini-musée et une salle de projection de 1940 fauteuils : Le Minikino a accueilli, entre autres, une rétrospectives de Kenneth Anger, légende underground américaine des années 1940 aux années 1970, ou un cycle Maria Montez, actrice dominicaine et reine du Technicolor dans les années 1940. Une exposition lui est d’ailleurs consacrée.
Deux euros d’adhésion, puis prix libre
La suite, ce sera notamment « Shirley : visions of reality » (2013), le journal d’une Américaine entre 1931 et 1963, dont chaque moment correspond à un tableau d’Edward Hopper. « Et comme chacun de ces moments tombe un 28 août, on le projettera le 28 août. » Ce sera aussi « L’Important c’est d’aimer », pour la dernière séance le 21 septembre : Le premier film français d’Andrzej Żuławski, qui a notamment révélé les talents d’acteur dramatique de Jacques Dutronc, aux côtés de Romy Schneider. Gros succès à sa sortie en 1975, mais en 2025, combien de personnes l’ont déjà vu sur grand écran ?
La salle de projection, qui peut accueillir 40 personnes.
Ch. L.
La moitié des films programmés est issue d’une filmothèque que Monokini s’est constituée en 15 ans, « et que je me fais enfin le plaisir de partager, savoure Bertrand Grimault. On a notamment tout un fond de 16 millimètres pour lesquels il n’existe plus de projecteurs dans les cinémas depuis une trentaine d’années. L’autre moitié, ce sont des films en fichiers numériques qu’on loue. On a aussi le matériel pour assurer des projections de qualité avec ce format. »
Le tout, pour un tarif ridicule : deux euros d’adhésion, prix libre pour les projections. À voir si l’initiative pourra perdurer passé le mois de septembre (plus de détails sur monoquini.net).