Publié le
21 août 2025 à 20h12
Bien que la vente d’animaux en animalerie soit désormais interdite, les salons du chiot perdurent, provoquant l’incompréhension de nombreuses associations. C’est notamment le cas en Gironde, où un tel événement se tiendra les 30 et 31 août 2025 à Pessac, suscitant une certaine polémique parmi les défenseurs de la cause animale. L’association Argos 42 a d’ailleurs lancé une pétition en ligne contre le salon, qui a déjà rassemblé plus de 20 000 signatures en moins de 48 heures.
À la ferme de Tartifume, qui accueillera le salon, on affirme que « les services vétérinaires ont donné leur accord et que tout est en règle ». En effet, l’organisation de ce type d’événement est tout à fait autorisée. Une situation « paradoxale » pour Baptiste Praud, président d’Argos 42, une association de protection animale dont le siège social se situe dans la Loire, entre Saint-Etienne et Lyon, mais dont les alertes et signalements arrivent de toute la France.
Des refuges déjà bondés
En effet, pour Baptiste Praud la tenue de cet événement en Gironde est totalement incohérente pour une raison principale : « Il est déjà scandaleux que se tiennent toute l’année des salons du chiot mais encore plus l’été, période durant laquelle les refuges débordent et dont les vagues d’abandon sont massives. Là, on va vendre des animaux comme on pourrait vendre des fruits et légumes », dénonce-t-il.
Des critiques que réfute Steeve Murillo, organisateur de l’événement via sa jeune société April Events. « J’encourage les associations à nous appeler », plaide-t-il au téléphone. « Nous défendons aussi le bien-être animal et souhaitons collaborer avec elles », ajoute-t-il. Conscient de la surpopulation dans les refuges, il affirme vouloir les soutenir et dit s’interroger sur la possibilité d’offrir un stand à la Société protectrice des animaux (SPA).
Des dons pour les associations locales
Lui-même éleveur de huskys et de laïka de Yakoutie en Touraine, Steeve Murillo explique avoir mis en place un système de dons pour les associations locales lors de ces précédents événements. Pour cela, chaque acheteur verse, en plus du prix du chien, une contribution de 20 euros qui sera redistribuée aux associations locales. Des bracelets dits « solidaires » seront également mis en vente les 30 et 31 août à Pessac. « Lors des salons organisés à Tours et Orléans, nous avons récolté aux alentours de 2 500 euros de dons », précise-t-il.
« Si les éleveurs arrêtent leur travail, que font-ils des chiens de leur élevage ? » interroge Steeve Murillo
Steeve Murillo
éleveur de chiens en Indre-et-Loire et organisateur du salon du chiot à Pessac
Par ailleurs, l’organisateur du salon du chiot qui se tiendra à Pessac estime que les chiens des refuges ne sont pas forcément les chiens de race. « Il s’agit souvent de croisements faits par des particuliers. Si les gens mettent le prix, ce n’est pas pour les abandonner derrière », avance-t-il.
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
S’incrire
« Une adoption, c’est une connexion »
La réponse est tout autre pour Baptiste Praud : « Ces salons sont des supercheries faites pour que les gens aient envie de craquer. Ceux qui pourraient se dire vouloir les acheter pour les sauver doivent bien comprendre que chaque chiot acheté, ce sont d’autres chiots qui vont être produits comme à l’usine par la suite. » « Une adoption, c’est une connexion mais c’est aussi sauver deux vies : un animal en refuge, plus un qui prendra sa place dans le box », ajoute-t-il.
« Certains élevages sont plus respectueux mais cela reste du business et de la marchandisation. »
Baptiste Praud
président d’Argos 42
Autre point de désaccord. En effet, Steeve Murillo certifie « travailler avec des éleveurs consciencieux ». À Pessac, ils seront une quinzaine à venir de toute la France et le fondateur d’April Events l’affirme : « Nous ne sommes pas un salon du chiot comme les autres. »
Contactée par actu Bordeaux, la mairie de Pessac n’a pas encore répondu à nos sollicitations concernant la tenue de ce salon du chiot dans la commune. Si ce type d’événement reste légal, il soulève des interrogations éthiques, d’autant plus que la vente de chiens et chats en animalerie est désormais interdite en France depuis 2024. Une mesure qui visait à lutter contre l’achat impulsif et l’abandon, alors que les salons du chiot, eux, continuent d’exister.
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.