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Brian Le Goff

Publié le

17 avr. 2025 à 16h09

Les résultats sont sans appel. Près d’un étudiant rennais sur trois est en situation de vulnérabilité, constatent les experts des observatoires des deux universités de Rennes (l’OPEIP à l’Université Rennes 2 et l’OSIPE à l’Université de Rennes) après des enquêtes menées en 2024 sur la vie sur le campus, le logement, le transport, le budget, les loisirs et la santé. Voici ce qu’il faut en retenir.

  • 50 % des étudiants ont une activité à côté de leurs études

En dehors des temps académiques, 50 % des étudiants déclarent exercer une activité rémunérée ponctuelle ou régulière, « qui contribue, soit à une relative autonomie à l’égard de leurs familles, soit à améliorer leurs conditions de vie, ou encore à financer leurs loisirs pour les plus aidés par leurs parents », notent les observatoires.

Méthodologie de l’enquête

Depuis 2014, les observatoires des deux universités rennaises réalisent tous les trois ans une enquête auprès des étudiants sur leurs conditions de vie, d’études et de santé.

42 056 étudiants des deux universités (y compris Sciences Po Rennes et l’ENS) représentant six domaines de formation de niveau L1 à M2 ont été enquêtés. Ont été inclus : les étudiants inscrits dans un cursus de Santé de la 1ʳᵉ à la 6ᵉ année, de BUT et de licence professionnelle. Les étudiants de CPGE et d’écoles paramédicales inscrits à l’université ont également été interrogés.

Fin mai 2024, après avoir effectué plusieurs relances, 10 833 étudiants ont répondu (soit un taux de réponses de 25,8 %).

  • 37,5 % des étudiants manifestent des symptômes de détresse psychologique

Lors de la précédente enquête menée en 2021 dans un contexte de crise sanitaire, la question de l’état de santé physique et psychologique des étudiants avait été soulevée.

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Si la situation semble s’être quelque peu améliorée en 2024, ces thématiques restent d’actualité avec plus d’un tiers des étudiants (37,5 %) qui manifestent des symptômes de détresse psychologique.

  • 31 % renoncent à des soins médicaux

Dans le même temps, le renoncement aux soins médicaux s’est accentué, passant de 24,5 % en 2021 à 31 % en 2024, et concerne plus souvent les femmes, les étudiants issus des classes populaires et les « décohabitants » (qui ne vivent plus chez leurs parents).

La diminution de la consommation de psychoactifs, tels que le tabac ou l’alcool, sont des signaux positifs concernant la santé des étudiants. Si ce constat reflète sans doute l’effet des campagnes de prévention et la hausse des tarifs des produits, il révèle aussi un souci de préserver sa santé à l’instar de l’exercice physique dans le cadre des activités sportives.

  • 78,5 % des étudiants ont quitté le domicile familial

Plus de trois étudiants sur quatre (78,5 %) ont quitté le domicile de leurs parents pour poursuivre leurs études en 2024 (contre 74,9 % en 2021 et 78,5 % en 2017). Cette autonomie résidentielle croît avec l’avancée en âge.

Mais d’autres critères, comme l’éloignement géographique contraint par la poursuite d’études, peuvent expliquer également cette « décohabitation totale ou partielle ». 

Si le retour à l’autonomie résidentielle semble acté, le taux d’étudiants rencontrant des difficultés de logement continue de croître, puisqu’il est de 16 % en 2024 quand il était de 10,3 % en 2017. Plus de neuf étudiants sur dix (92 %) apprécient globalement leur logement en 2024.

Résultats des enquêtes

  • 5 heures par semaine dans les transports

Que ce soit pour se rendre sur leurs lieux d’études ou de leurs activités extra-universitaires (travail salarié, loisirs, etc.), les étudiants passent en moyenne 5 heures par semaine dans les transports.

Au-delà des temps « contraints » (temps académiques, activité rémunérée et transport), l’enquête permet également de mesurer le temps consacré aux loisirs. Ce temps qui s’élève en moyenne à 8 heures par semaine varie sensiblement en fonction de certains critères sociodémographiques.

Communiqué des universités de Rennes

La marche et les transports collectifs (métro, bus ou car), sont prioritairement utilisés par les étudiants, comme en 2017 ou 2021, pour effectuer les déplacements domicile-lieu d’études, mais la voiture conserve toujours la 4ᵉ place des modes de transport.

De plus en plus d’étudiants se déplacent vers leur lieu d’études en marchant (+3,8 points). L’usage du vélo ne semble pas progresser par rapport à 2021, et ce, malgré le développement des espaces de stationnement sécurisés ainsi que le déploiement de nouveaux services, tels que l’animation d’ateliers d’auto-réparation sur les différents campus par des associations étudiantes.

Quelle analyse de ces résultats ?

L’étude montre que les vulnérabilités étudiantes, bien qu’atténuées depuis la fin de la crise sanitaire, restent une réalité importante pour près de trois étudiants sur dix, note les experts des observatoires.

Certains indicateurs, comme la santé psychologique ou l’isolement, paraissent s’être améliorés par rapport à 2021. Mais d’autres problèmes, notamment d’ordre économique, persistent ou s’aggravent.

Les difficultés financières, l’accès au logement et les privations alimentaires continuent de toucher une part significative d’étudiants, mettant en évidence l’impact durable des tensions économiques. 

La probabilité d’être vulnérable diminue à mesure de la progression dans le cursus. Les étudiants en situation de vulnérabilité ont 2,3 fois plus de risques d’être ajournés aux examens de fin d’année que les autres.

Résultats des enquêtes

Retrouvez les résultats complets et l’analyse de nos experts sur soie.univ-rennes.fr/CDVES.

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