Ces derniers temps, Darius Rochebin est devenu le confident du Président. Le journaliste star de LCI a déjà interviewé le chef de l’État pour la télévision : il rempile pour la presse écrite, avec un entretien que publient nos confrères de Paris Match. Le Président s’y livre à une analyse de quantité de sujets, pas toujours régaliens et parfois inattendus. Dans l’ordre : l’Ukraine, la psychologie des dirigeants, la relation Macron-Trump, la rumeur Jean-Michel Trogneux, le marigot politique français et l’horizon 2032. Rien que ça ! Allez, voyons ces sujets dans l’ordre.
« Nous avons fait changer le président Trump »
D’abord, bien sûr, on parle de ce sommet de Washington dans lequel Macron et ses amis de la « coalition des volontaires » se sont invités auprès de Volodymyr Zelensky. BV en a déjà dit un mot, pour montrer à quel point les mouches du coche avaient été reléguées à leur vraie place : celle d’observateurs (au mieux) ou d’exécutants (au pire). Pour Macron, ce n’est pas du tout ça : « Nous avons fait changer le président Trump. […] Nous nous sommes levés, en étant unis, en tant qu’Européens, et il l’a pris en compte. » Si ça l’arrange… Au sujet des dirigeants des deux blocs de cette nouvelle guerre froide, il se livre à un double exercice psychologique assez nuancé, sur Trump d’abord (« imprévisible » mais qu’« il ne faut jamais caricaturer »), sur Poutine, ensuite (qui s’est mis à « mentir sans cesse au tournant de 2007-2008 » mais qui est « fin psychologue »). Une petite pincée de culture (Hélène Carrère d’Encausse sur la culture russe, que le général de Gaulle décorrélait de son pouvoir temporaire – communiste, à l’époque), quelques gouttes de realpolitik avec beaucoup d’eau (« La diplomatie, ce n’est pas la morale », « je pourrai […] serrer la main [de Vladimir Poutine] »)… C’est bien fait.
Darius Rochebin joue mollement les sparring partners en titillant le Président, mais pas trop (« [Trump] vous vanne parfois durement, mais il ne se permet pas avec vous ce qu’il ose avec d’autres »), avant d’esquisser des explications sur la prétendue complicité particulière qui unit Trump à Macron (« le fait que vous ayez exercé un « vrai métier »’ », « il y a entre vos deux couples des moments de complicité étonnants qui contrastent avec les tensions politiques »). Emmanuel Macron saisit la perche élégamment tendue : oui, les deux couples présidentiels s’entendent bien, et la relation entre Brigitte Macron et Melania Trump y est pour quelque chose.
De Brigitte, précisément, il est ensuite question quand le Président aborde frontalement « la » rumeur : Candace Owens, influenceuse américaine trumpiste, a propagé en Amérique l’idée, bien connue en France, selon laquelle Brigitte Macron serait née Jean-Michel Trogneux. Le couple présidentiel porte plainte et cherchera à obtenir une condamnation. On ignore si cette plainte est pour diffamation ou pour injure publique. Ce n’est pas si anodin, mais passons.
EXCLUSIF – Le président de la République et son épouse ont décidé en juillet de déposer plainte contre Candace Owens, l’influenceuse qui propage la rumeur selon laquelle Brigitte Macron serait un homme. https://t.co/8KthnDmCFr
— Paris Match (@ParisMatch) August 19, 2025
« Pourquoi cohabitation ? Non. François Bayrou, c’est mon ami »
Un petit tour par la politique intérieure lui offre l’occasion d’un bel exercice de slalom pour éviter les sujets compliqués. Cohabitation compliquée ? Vous n’y pensez pas ! « Pourquoi cohabitation ? Non. François Bayrou, c’est mon ami. Il y a une coalition plus large, et voilà tout ». La déloyauté des stars de Renaissance ? C’est « la vie des bêtes » – pour le coup, une très bonne formule. Une nouvelle dissolution pour rattraper la première ? Non, pas prévu, mais la première était une excellente idée : « On a un Parlement qui reflète les fractures du pays. » La chute du gouvernement sur le budget ? Ce serait seulement un « coup politique ». Tout ça est habile, à défaut d’être honnête.
Pour finir, on aborde évidemment le futur, et l’autre rumeur, plus sérieuse celle-ci : le Président voudra-t-il se représenter en 2032 ? Là, pas de réponse. Tout au plus saura-t-on qu’il « a envie de faire un maximum de choses d’ici à 2027 » et qu’il dit aux ambitieux de ne pas se voir déjà arrivés en 2027.
Au bilan, comme souvent avec lui, on n’apprend pas grand-chose de neuf. C’est de bonne tenue, c’est bien fait, mais ça ne règle rien et ça ne pèse pas sur le monde. C’est peut-être tout ce que l’Histoire retiendra du macronisme, quand le nuage de notre déclassement tous azimuts sera retombé.
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